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Le défi du samedi
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28 février 2010

Ont vu double...

96Venise ; Flo ; Vegas-sur-Sarthe ; Poupoune ; Tiniak ; rsylvie ; Claudio ; enfolie ; Zigmund ; Didier ; Oncle Dan ; Walrus ; Papistache ; MAP ; Joe Krapov ; PIERRELINE ; Captaine Lili ; Adrienne ; Joye ; J-F ; Caro_Carito ;

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27 février 2010

Défi #96

Le défi 96 nous est proposé cette semaine par Zigmund !

Le double,

la duplicité,

le miroir,

le trompe l'oeil.

Nous attendons vos dédoublements à l'adresse habituelle :

samedidefi@hotmail.fr

27 février 2010

A V E R T I S S E M E N T

Chers amis lecteurs,
la consigne surréaliste de Tiphaine
a généré plus de vingt textes ;
songez à découvrir
les premiers parus
sur la page précédente. *

C'est Venise qui ouvre le bal !

*Caro-carito a raison ; la consigne déborde sur une troisième page.

27 février 2010

Participation de Flo

flo





Olivier commençait à trouver le temps un peu long…


Les secondes s’égrenaient comme une goûte de sérum s’écoulerait de la poche de sang placée au dessus de sa tête au rythme des cliquetis de sa montre. Il est 7h10. Il attend ce frisson, celui qui l’empêcherait d’être ce pantin si égal aux autres. Il souhaiterait ne plus être disséqué ni utilisé comme une marionnette mais être bel et bien vivant. Qu’ils soient melon ou régent, d’or ou d’argent, la plupart des couvre-chefs sont toujours là suspendus à un fil  à nous dominer et à nous diriger. Dans les mains de l’un, il serait tourné et retourné, dans les mains de l’autre il serait ausculté et scruté. Et si au lien de tisser des liens prédéterminés, il décidait tout seul de poser là son feutre et de partager sa vie avec celle qui constitue sa moitié pour se donner le courage de marcher et d’avancer ensemble. Prendra-t-il cette décision de donner la vie alors que toutes sont si facilement manipulables et vides? Osera-t-il s’essayer à pianoter un air  pour animer ces âmes invisibles,  et souffler à son tour entre ses mains les refrains, couplets et louanges pourtant déjà entremêlés dans le tourbillon de ses écrits pour consoler  sa propre œuvre ?
Il attend toujours, ses doigts se déraidissent…à la pensée de toucher  la peau de celle qui lui apporte chaleur, douceur et réconfort…Il reprend son chapeau, au moins celui-là, il l’habite et sors prendre l’air pour laisser son esprit vagabonder là où personne n’a de prise…

27 février 2010

Information à caractère promotionnel, en trois cases (Tiphaine)

BD2

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27 février 2010

En rentrant de l’école (Papistache)

Tic-tac, tic-tac, tic-tac !
La pendule égrenait les secondes et les minutes.
Et Tonton,
Il avait
Déjà fait
Par deux fois
Le grand tour
Du cadran.

La maman d’Olivier lui avait répété (facile aussi pour la femme d’un porte-manteau perroquet) :
« Quand tu rentreras de l’école,
Olivier, lave-toi les mains !
et regarde Tonton —  ton Tonton, le tonton... Tic-Tac.
Tic-tac, tic-tac !
Tonton Tic-Tac aura la tête en haut,
Tête nue,
Tête en haut,
T’es tenu
T’es en haut.
Il fera bien,
Ses deux tours
Et encore
Un demi...
Quand ses pieds,
Tout en haut,
I’seront, 
Tu mettras ...»

Olivier avait oublié. Tonton tournait sur son axe : Tête en haut, tête en bas, et bing !  i’ savate un galure et bang ! i’ shoote dans un m’lon.

Tonton Tic-Tac
Sur son axe
I’ tournait.
Olivier
Se rongeait
Les ongles... Tic !
Toc ! Tic ! Toc...
Elle avait
dit, Maman :
« Quand Tonton
Aura la
Tête en bas
Tu mettras... »
Quoi, quoi, quoi ?
La pizza
dans le four ?
Tu mettras
ou tu f’ras ?

« Maman, Maman, ma Maman ! »
La tête d’Olivier tournait.
Son papa, porte-manteaux,
— Perroquet, son petit nom —
Donnait des cours, de diction,
En  Sorbonne, à de bonnes poires
Qui avaient l’espoir d’y voir,
Aux déboires, un’ échappatoire.
I’ se couche pas tôt, i’ rent’ tard
Tic-tac, tic-tac...

Sa maman y’a dit
Quand Tonton l’aura
— s’app’lait pas Laura,
I s’app’lait Tic-Tac—
l’aura fait trois tours
tu mettras au four
ta petite sœur...

Ah, ça y est ,
L’a trouvé
Olivier
C’est sa sœur
Qui sent l’beurre
Mais à c’t’heure
Où qu’elle est
La gamine
A croquer ?
Tic-tac, tic-tac...

     Olivier
     Commençait
     A trouver
     Le temps long.

Tic-tac, Tic-tac...
Tonton tournait
Sur son axe
Et maman
Dans la rue
Discutait et
Disséquait
Les galures
Les chapeaux
Les foulards
Les turbans
Les képis
Couvre-chefs
Et bonnets...

Et sa sœur
Au Moulin
de Paname
Panamé
Panamé
Pa-na-mé-
mé-ri-cain
Tchou-tchou i’
Va s’noyer
Le gamin
Dans l’ennui
Y’a sa mèr’
Qu’est pas là
Et son père
En retard
Et Tonton
Qui se traîn’
Tout autour
De son axe
Tic-tac, tic-
Tac, tic-tac.

Toc-toc ! Toc ?
Oui, entrez !
C’est papa
L’perroquet
Qu’est rentré.
Qu’est rentré
L’perroquet
C’est papa
Oui, entrez !
Toc ? Toc-toc !

Saluez,
C’est fini !
N. I. Ni !

Et Maman ?
Y’en a plus !
Elle a pris
La tangente
Arc-en-ciel !
Ah ! Non ! Ni !
N. I. Ni !
C’est fini !

27 février 2010

Oncle Dan relève le défi #95

Bien chers Tiphaine, Janeczka, Valecrit, Walrus, Old Papistache, Mapnancy,
et à vous tous, amis du Défi du Samedi,

Vous connaissez tous ces petits ordinateurs pour enfants avec lesquels nos tendres chérubins font de la musique et s’instruisent en s’amusant.

Ces jouets modernes présentent la particularité de dialoguer avec nos informaticiens en herbe. Ils ont cet accent particulier aux androïdes enroués dans les films de science fiction : “ Choisis ton jeu. Appui sur la case rouge. Non, recommence. Non, recommence. Non, recommence ... ”.

Eh bien, figurez-vous, bande de sceptiques incrédules, que je me suis donc rendu, comme tous les cinq ans, à la visite médicale obligatoire du Ministère. Je répondais ainsi à la convocation d’un infirmier à l’inexactitude scrupuleuse. Comme tous ceux qui m’y ont précédé et tous ceux qui m’y suivront, j’attendais mon tour dans un étroit couloir encombré de cartons d’archives et de ramettes de papier pour photocopieur. Il y faisait une chaleur toïde, sans le moindre souffle d’air.

C’est alors que cette voix métallique et monocorde, si caractéristique de ces petits robots informatiques et reconnaissable entre toutes, traversa l’une des nombreuses portes qui bordaient le couloir.

J’étais outré, mais nullement étonné que ces tire-au-flanc des services sociaux s’amusent pour passer le temps avec les jouets de Noël destinés aux enfants du personnel. N’importe quelle mauvaise langue vous confirmera que les gens qui ont le bonheur de se faire affecter dans les services sociaux du Ministère accomplissent tous les actes de leur vie professionnelle dans une douce quiétude.

Il faut vous dire qu’à part deux ou trois voyages d’agrément organisés dans l’année, la principale occupation de ces gens là est d’acheter au prix le plus bas, dès le mois d’avril, les jouets de Noël qui seront distribués en fin d’année.

C’est avec une belle persévérance que notre amateur de jeux électroniques s’amusait car j’entendais sa machine lui parler à intervalles très réguliers. Toutefois, les portes étant fermées, cette conversation me parvenait de manière confuse et inintelligible. Il m’était impossible de discerner ni même d’interpréter le moindre mot que ce traître à l’administration laborieuse tirait de sa machine.

Je n’en avais cure, mais cela m’aurait aidé à tuer le temps que je commençais à trouver un peu long dans ce sinistre couloir surchauffé. Mes compagnons d’impatience l’avaient quitté un à un sur l’invitation d’une aimable doctoresse.

J’avais hâte de la rencontrer car je n’avais trouvé, pour m’occuper, que l’observation des imprévisibles déplacements d’une mouche cantharide sur une affiche représentant un individu écorché vif avec un chapeau breton dissimulant son appareil reproducteur. Une de ces affiches comme on en trouve souvent dans les salles d’attente du corps médical.

Enfin, je pense que c’était une mouche à merde, car le contre-jour et mes faibles connaissances en matière d’insectes ne me permettaient pas de distinguer s’il s’agissait d’une Fannia canicularis, d’une Poecilothus nobilitatus ou d’une vulgaire Musca domestica. Je vous sens passionné, toutefois je puis vous assurer que cette précision ne me paraît pas de nature à décupler l’intérêt de mon récit.

Mon tour fut long à venir, mais il arriva.

La doctoresse m’invita à m’asseoir dans un minuscule bureau qui avait du être repeint au XIX° siècle, environ. Elle consulta ma fiche dont les dernières annotations remontaient à une époque où le monde et moi étions beaucoup plus jeunes.

Après m’avoir posé quelques questions très indiscrètes mais fort heureusement peu nombreuses, telles que Combien pesez-vous ? et Prenez-vous des médicaments ? (A la réflexion, je crois que ce sont les deux seules questions qu’elle m’ait posées.), elle me proposa un examen de la vue.

Soit, voyons voir.

Je n’allais pas décliner une telle invitation après une si longue attente, et pour tout vous dire, j’attache la plus grande importance à la préservation de mes propres yeux, puisque c’est ceux-là que j’utilise pour vous admirer lorsque l’occasion m’en est donnée.

Alors que je m’attendais à ce qu’elle se lève, se saisisse d’une longue baguette en roseau ou en toute autre matière (peu m’importait), et me prenne pour un imbécile en me demandant si je pouvais lire l’énorme lettre Z qui se trouve habituellement en haut de leur traditionnel tableau de lecture
1, cette faignasse ne bougea pas de sa chaise et me montra un appareil bizarre, que je n’avais jamais vu, sauf peut-être dans le film Oranges mécaniques.

Elle me demanda de poser mon menton là, et d’appuyer mon front ici, afin d’avoir les yeux bien en face de l’énorme jumelle au fond de laquelle apparurent subitement des lettres, comme par magie.

Mince alors.

Je faillis sursauter lorsque cette machine, froide et inhumaine, se mit à me parler :


  J’énonce......les lettres.......qui apparaissent.

  En cas d’erreur......appuyez sur......le bouton......bleu.

Comment vous expliquer ? C’était si étrange... Cette machine me parlait avec cet accent particulier aux androïdes enroués que l’on voit dans les films de science fiction... Une voix métallique et monocorde, si caractéristique de ces petits robots informatiques avec lesquels jouent nos chères têtes blondes... Une voix reconnaissable entre toutes !

Bah ! Des erreurs, j’en ai fait ! Et comme le dit si bien Woody « D’abord, je suis né. Première erreur ! »

Olivier

1 Les derniers caractères, à l’autre extrémité, sont microscopiques et ne sont utilisés que pour la rédaction des contrats d’assurance.

27 février 2010

Être vivant (Claudio)

Olivier commençait à trouver le temps un peu long.

A quel moment ces carabins ébahis allaient-ils se rendre compte qu’il était toujours vivant ?

C’est bien beau de jouer les équarisseurs de CHU, de faire mumuse avec les osselets des honnêtes gens, soi-disant pour apprendre et faire avancer la science. Olivier n’avait rien contre le progrès. Mais qu’on s’attaque aux morts et qu’on laisse les vivants tranquilles !


Disséquer le phénomène qui défrayait la chronique depuis des mois, c’était l’idée du Professeur Le Mézec, grand ponte de la Faculté de Médecine de Rennes. Pour ce faire, il lui fallait le capturer. Alors il le fit écraser. Tout simplement.

Il le déclara mort et se mit au travail.

Le breton, jaloux, commença par émasculer le supposé cadavre. Car si jusque là, la Bretagne aimait à faire rimer ses chapeaux ronds avec les couilles en plomb de ses indigènes, Olivier les avait détrônés.


C’est tout un service en or que possédait notre homme. Or pur, s’il en est.

Brillant dans tous les sens du terme, souple, agile, exceptionnel aux dires de la gente féminine. Cadeau congénital resté, à ses yeux, longtemps sans importance. Il pensait naïvement que chacun était outillé de la même façon.

La puberté lui ouvrit l’esprit. Un jour, il s’aperçut que sa main droite « s’auriférait » peu à peu.

Plus tard, il fut bien obligé de reconnaître qu’il n’était pas commun de posséder des organes génitaux et une main droite… en or. Il avait bien constaté qu’il faisait de très beaux enfants, même à de vilaines porteuses. Il ne s’y attarda pas, mettant cela sur le compte d’une fierté machiste qu’il repoussa. Il avait bien vu qu’il claudiquait plus que les autres, obligé qu’il était de compenser le poids de la prestigieuse main. Ce sont les autres qui boitent, se dit-il.

L’étalon-or était, naturellement, très sollicité et les prétendantes faisaient la queue devant sa porte. Pour sauver la morale, elles prétextaient que la main d’or guérissait miraculeusement tous les maux de la terre. Ce qui était vrai aussi.


Ces dons de la nature valurent donc à Olivier, la Une des magazines et le tour de France des plateaux télé.

Ce fut le début des ennuis. Chacun voulait récolter son huile… d’or. Celle qui faisait de beaux enfants. Celle qui guérissait les corps. Celle qui magnifiait les sens, exaltait les passions et sublimait les jupons.

Un industriel flaira la bonne affaire. huiledolivier.com était né, déposé, administré. Il fallait maintenant, produire.

Hors de question ! Olivier prit la fuite.

Paparazzi, apprentis sorciers, femmes délaissées et autres rhumatisés chroniques se  lancèrent à ses trousses.


C’est ainsi qu’il se retrouva entre les bistouris du bretonnant Professeur Le Mézec.

Castré sans ménagement, scié, ouvert, exploré, trituré, il n’avait rien senti. Mais, Olivier commençait à trouver le temps un peu long. A quel moment ces charcutiers celtes, Ambroise Paré à coiffes, allaient-ils se rendre compte qu’il était toujours vivant ?


Toujours vivant et rien senti ? L’huile d’Olivier ne fit qu’un tour.

Serai-je donc mort ? Et pourtant je vois tout, je sais tout.

Et si c’était cela « être mort ». Si c’était comme, « être vivant » ?

27 février 2010

Élucubrations (Flamm Du)

Clic, clac

Chapeau chic

Chapeau claque

Chapi, Chapo 

Le chapitre des chapeaux

Chapo,  Chapi

Un chapeau par ci

Un chapeau par là,

Gibus

Dans un autobus

Melon

Dans un grand salon

Trilby

Dans un wagon-lit

Chéchia

Sous un acacia

Béret

Sur un parapet 

Stetson

Près de Chariton

Bachi

Le soir à minuit

Suroît

Par vent de noroît

Calot

Sur un paquebot

Bonnet

Pour un paltroquet

Colback

Dans un cul-de-sac

Bicorne

Près de Malicorne

Chapi, Chapo 

Le chapitre des chapeaux

Chapo,  Chapi

Un chapeau par ci

Un chapeau par là,

Un chapeau

Une main

Le chapeau à la main

Salut

Une main

Un chapeau

La main sur le chapeau

Salut

Mais,

Une main

Un chapeau

La main dans le chapeau

Handicap

Chapi, Chapo 

Le chapitre des chapeaux

Chapo,  Chapi

Un chapeau par ci

Un chapeau par là,

Et puis

Un melon

Deux melons

C’est la danse des melons

Qui en sortant sous la pluie

Se secouent le bas du feutre

En faisant flic floc….

Ne soyez surtout pas neutre

Car la danse des melons

C'est le tube sous la pluie

Flic-floc, flic-floc

Gardez bien la forme,

Sans dessus-dessous

N’soyez pas sans formes

Pas super raide

Ni extra-mou...

Chapi, Chapo 

Le chapitre des chapeaux

Chapo,  Chapi

Un chapeau par ci

Un chapeau par là,

Maintenant

Pour ne pas le porter

Tout en en travaillant

Sans en baver des ronds,

Ni vouloir le manger

Fin de mes élucubrations.

27 février 2010

Chapeau l'aiguilleur ! (Vegas sur sarthe)

Olivier commençait à trouver le temps un peu long...
Il en venait presque à regretter d'avoir accepté ce job d'Aiguilleur du Temps tant il trouvait son travail routinier.
D'un autre côté, tout ce qu'on lui demandait c'était d'être ponctuel, fiable et répétitif.... en quatre mots, Que Ca Tourne Rond.
Passé 'Stetson' et juste avant de pointer 'melon Charlot' il ressentait toujours comme une gêne au creux de l'estomac qui le démangeait violemment au point qu'il n'avait qu'une hâte... atteindre le 'claque' au plus tôt. C'est pourquoi dans sa précipitation, le changement de galure faisait plus souvent cinquante minutes qu'une heure, vu qu'il avait été nommé au poste de petite aiguille.
Un canotier de passage lui souffla qu'il devait faire une crise de démon de midi et qu'à celà il n'existait aucun remède.
Tout ceci agaçait la Main au plus haut point car dans ces moments-là, l'organe affecté à la grande aiguille était forcé d'accomplir son tour plus vite qu'à l'habitude, au prix de fourmillements désagréables aux extrémités. Olivier eut beau prétexter en lissant sa moustache une sombre histoire de conflit entre forces centripète et centrifuge, rien n'y fit: la main fourmillait quand Olivier fringalait, tant et si bien qu'on dût faire venir à grand frais un maître horloger de Panama avant que le mécanisme ne se prenne en grippe.
L'expert balança un moment, bava des ronds de chapeau avant de diagnostiquer une inflammation chronique de l'axe abdomnial et prescrivit des cataplasmes de Kouign Amman dont il farcit le chapeau rond.   
L'axe bien beurré, Olivier retrouva assez vite un haut de forme et une certaine régularité pour le plus grand soulagement de la Main; pourtant ce régime demi-sel l'amaigrissait d'heure en heure et il devait envisager une reconversion au plus tôt.
Il avait entendu parler d'un poste d'Aiguilleur vacant sur une horloge maghrebine et l'idée de se frotter à une main de Fatma et quelques chechias ne lui déplaisait pas; il se promit de descendre à 'Ascot'... enfin à deux heures!

27 février 2010

Litanie surréaliste (à la Desnos ?) (Captaine Lili)

Un chapeau, une main, un homme.
Quel homme ?
Un porte-manteau, une main, un corps.
Quel corps ?
Le corps d’un homme.
Son anatomie cachée. Son torse ouvert.
Par qui ?
Des chapeaux. Melons et hauts de forme.
Pour qui ?
Des hommes.
Olivier qui trouvait le temps long ?
Pas de parapluie, le temps n’est pas pluvieux.
Le temps est au vent, les chapeaux volent.
Un vol de chapeaux ?
Noirs comme des corbeaux.
Un homme, une main.
Une main qui ne salue pas.
Le dos d’une main.
Mais un homme de face.
Avec une moustache.
Rousse.
Rousse… Mais où sont les femmes ?
Sous les chapeaux ?
Une main magicienne ?
Qui tire des lapins, qui tire des colombes
Qui ouvre des hommes
Et cache leur sexe
Avec des chapeaux.
Un corps qui lévite
Auprès d’un porte-manteau…
Et mes mots qui déraillent en écho.

27 février 2010

Angoisse (MAP)

Depuis le temps qu’il attendait, Olivier commençait à trouver le temps long ! Pourquoi l’avait-on amené dans cette pièce inconnue de lui et comment se faisait-il qu’il se retrouvait  complètement dévêtu sans avoir aucun souvenir de s’être déshabillé –et pourquoi l’aurait-il fait !-  Par réflexe il avait tout juste réussi à dissimuler sa virilité derrière un chapeau breton qu’il avait trouvé sur un  portemanteau. Mais surtout, surtout il ne réalisait pas pourquoi on lui avait collé sur la poitrine
un panneau de tissu qu’il n’arrivait pas à enlever, ne trouvant aucune prise possible,  et qui représentait le haut d’un écorché ! Mais quelle horreur ! Qu’est ce qu’on lui voulait ! Qu’avait-il bien pu faire pour se retrouver dans cette pénible situation ? Non, décidément, rien !!! Il ne se souvenait de RIEN ! Quelle angoisse ! Il était totalement déstabilisé, perdu, l’esprit vide !
Dans la pièce éclairée par des plafonniers aux abat-jour bizarres en forme de chapeaux melons et de chapeaux hauts de forme le seul décor était un tableau qu’Olivier venait de découvrir, occupé qu’il avait été jusqu’à présent à essayer de se débarrasser de cette toile qui lui recouvrait la poitrine !
Ce tableau, mais, mais ….. !!!! Ce tableau représentait –Olivier crut défaillir …- ce tableau le représentait LUI, dans l’exacte situation où il se trouvait : on le voyait positionné de travers comme si le peintre avait saisi le malaise qui le faisait vaciller ! Tout y était : le portemanteau, les lampes chapeaux, jusqu'à ce couvre-chef  breton dont Olivier s’était couvert ! Mais en plus, en arrière plan,  il y avait une main, une énorme main !!! 
………………………………………………………………………………..
Olivier n’eut pas le temps d’observer d’avantage ce tableau énigmatique car une porte venait de s’ouvrir et trois hommes apparurent,  vêtus, coiffés et masqués  de blanc.
Olivier tétanisé par la peur ne put prononcer un seul mot !
………………………………………………………………………………….
- Allez mon vieux à toi l’honneur !
- Mais… vous croyez que je vais y arriver … c’est la première fois que je vais …
- Mais oui, t’en fais pas. Tu n’as qu’à suivre les dessins. Regarde tout est prêt !
- Bon, d’accord !  Vous avez la trousse à outils ?
- Bien sûr, c’est Roger qui l’a préparée ! Y’a tout c’qui faut !
- Alors, on l’endort ?
- Penses-tu ! C’est un costaud, il tiendra le coup !

……………………………………………………………………………………

C’est ainsi qu’Olivier, étudiant en première année de médecine et qui la veille avait fêté avec ses camarades l’enterrement de sa vie de garçon –ce qui implique une soirée extrêmement bien arrosée -s’est retrouvé piégé dans cette pièce au décor plus qu’étrange ! Quand il reprit ses esprits sous les rires de ses compagnons d’étude qui s’étaient démasqués, il se retrouva  avec la poitrine tatouée  comme sur le tableau qui pendait au mur et ceci à la suite d’un pari ridicule qu’il avait bien entendu perdu !

………………………………………………………………………………………………
On ne lui dit pas tout de suite qu’il s’agissait de simples décalcomanies !!!

27 février 2010

BEL-AMI (Lorraine)

Ce chapeau, avant tout, c’est la vie parisienne
Les fiacres, les secrets, les rendez-vous volés,
Bel-Ami attendu derrière les persiennes,
La trahison d’un soir, les espoirs exaltés

L’amante aux baisers fous, confiante et amoureuse,
La chambrette là-haut, l’éventail refermé,
Ce chapeau, c’est l’adieu qui laisse la pleureuse
Face à ses souvenirs désormais consumés

Ce chapeau huit-reflets défraya la chronique
Dans les salons huppés au temps de Maupassant
Il passa du boudoir au perchoir politique
Avec diplomatie et succès fracassant

Ce chapeau d’autrefois rangé dans une armoire
A perdu tout éclat comme tout romantisme
Il dit modestement comment s’écrit l’Histoire
Oubliant pour toujours qu’il fut roi du dandysme.

27 février 2010

Anesthésie (Sol-eille)

Olivier commençait à trouver le temps un peu long dans cette chambre d’hôpital. Il avait soif. Il était encore sous les effets de l’anesthésie. De temps à autre il ouvrait les yeux. Combien de temps s’écoulait entre deux réveils. Il était bien incapable de le dire. Mais à chaque réveil, il enregistrait des détails. Sa mémoire, elle aussi, recommençait à fonctionner. Pourquoi était-il si endormi d’ailleurs, il lui semblait que l’anesthésie devait être locale ??? Une opération bénigne d’un kyste synovial à la main ne nécessite qu’une anesthésie locale. Et puis cette chambre… l’hôpital est-il si occupé qu’on l’ait relégué au placard. Et ce froid soudain qui l’enveloppait, pourquoi était-il nu ? Il n’osait bouger se sentant tout endolori. Tous ces sens n’étaient pas encore revenus à leur état normal. Mais que lui avait on injecté qui le rende si lourd. La tête lui tourne, le chapeau rond accroché au porte-manteau fait maintenant le tour de la pièce. Il en voit deux, trois, quatre… Une envie de vomir s’installe, il referme les yeux. Dormir. Oublier. Tout va redevenir normal. C’est sûr. Il doit rêver. La jolie infirmière d’hier soir nue sous sa courte blouse blanche va arriver, lui prendre sa tension, le recacher et tout va aller bien. Pourquoi avait-elle d’ailleurs des talons si hauts ? Quelque chose cloche… Tout en retombant dans un sommeil léger il lui semble entendre chanter par toute une bande de joyeux lurons « ils ont des chapeaux ronds, vive la Bretagne, ils ont des chapeaux ronds, vive les bretons » et les couplets salaces qui vont avec. Un moment passe encore, rien n’a changé. Pas de personnel infirmier à l’horizon pour s’occuper de lui. Il est toutefois plus lucide maintenant. La tête est encore très lourde et son dos aussi, tout endolori. Et ce froid ! C’est sûr il va faire un scandale sur la qualité de l’accueil dans cet hôpital. La lumière qui pointe par une fenêtre haute achève de le sortir de son état comateux. Il se redresse d’un bond en voyant le cadre dans lequel il est en train de récupérer et se souvient tout à coup : son enterrement de vie de garçon, tout ces mélanges d’alcool qu’il a bu, comprend mieux le mal de crâne ! Il ne s’étonne plus d’avoir froid, il est allongé par terre sur une couverture, dans le vestiaire de la boîte de nuit, oublié avec sa gueule de bois, nu, avec juste un chapeau breton posé en clin d’œil sur son sexe.

Sol-eille

27 février 2010

... (Riri)

Le Temps commençait à trouver Olivier un peu long...

  Il avait pris ses 5 chapeaux, s'etait ouvert l'abdo, mène à la régulière , avait embrasé  le con, cierge du bout de sa bougie.

Devant son melon, Olivier commençait à trouver le thon un peu rouge, espèce en danger suspendue à cette absence de chapeau à fil vertical.

il prit sa propre main pour se dire Bonjour et se serra la pince "Monseigneur : Bonjour" fit la glace en echo, en réfléchissant son propre visage,'ecce homo" imberbe, ingénu, berbère, en bisbille, etonné d'être etonné, quasi-estonien !

Proprement surréaliste pensa un instant le Temps, juste le temps de se mirer un coup dans le grimoire.

Olivier avait quitté l'aéroport à l'aube, sauté dans un hélicoptère garé prés des coléoptères dans l'héliport.

Entre la carpe et le lapin, la poire et le fromage, le plateau-repas et l'repos, avait opté pour l'optique prés de la lunette arrière à l'aurore .

L'Temps s'allongeait,  devant l'évier comme devant l'épervier Olivier, restait stoïque à défaut de rester coi.

Quoi ?   pensa  Jane B en peignoir de serge noir, chantonnant son mari à Chi mieux-mieux par la fenêtre.

Quoi ma gueule ? sussura Johnny échappant là itou à l'hallali du   fisc belge, fort marri du vol plané d'un Magritte dans le lacté d'un p'tit suisse.

Tralallaïtou ,  Olivier roucoulait d'travers sur son squelette, attiré,ruse russe,  par le quatrième chapeau du Cinquième Bureau.

Epaisse mais non paisible, la main,(quelle Veine !) prit l'epée soudainement sécatrice et décocha à la cantonnade un Z tartare : C'etait le chapeau de Zorro !

Mais au Nord hagard, c'etaient les corons ! Comme un courant d'Art

André Breton surgit alors dare-dare tel le fidèle Bernardo et fessant Nadja d'un air malfaisan l'accoucha d'un faisan en guise de machoire, pour avaler le Temps...

Sous les oliviers du Bar Desjardin, Olive : épouse Popeye au réveil, rimmel   à la coule devant un p'tit noir, commençait à trouver un peu court l'épinard...

Pour tuer le Temps, Olivier alla chez André et prit un scotch, une aiguille à tricoter, une verveine-menthe, une Bd d'Achille Talon.

Drôle de défi du "ça me dit" pensa l'Mime Sophie Marceau tandis qu'le clown allait ,toutes breloques pendantes, mitraillé par la foule cruciforme et cruciverbiste en croisade.

Riri

27 février 2010

Crime breton (Walrus)

Olivier ! Qu'est-ce que ses parents avaient donc pensé en collant ce prénom idiot au dernier rejeton d'une lignée ayant toujours vécu à l'ombre de la chapelle de Kergrist dans la commune du Faouët ?

Olivier donc, commençait à trouver le temps un peu long, allongé sur la table de dissection de l'institut médico-légal.

Lui savait, maintenant qu'il était mort : une sorte de conscience survivait à la mort, proche du corps, mais pourtant détachée.

Il se voyait sur cette table, dénudé, le sexe caché par ce ridicule chapeau breton qu'elle y avait posé. Elle s'était bien foutue de sa gueule, et ça continuait !

Il lui avait ouvert son cœur, elle l'avait mis à nu.

Il lui avait parlé avec ses tripes, elle les lui avait mises à l'air.

Il était bien maintenant ! Les flics, le procureur, le juge d'instruction dont les chapeaux ornaient la salle n'y verraient que du feu. Ils ne risquaient pas de découvrir son assassin : c'est à elle qu'ils avaient confié son autopsie !

Quelle idée aussi d'aller s'amouracher d'une tueuse médecin légiste ! Son far empoisonné s'était montré aussi efficace qu'un pruneau en pleine tête !

L'éternité commençait bien mal...

27 février 2010

Mon sacre à la tronçonneuse (Sebarjo)

J'aimerais écrire un truc qui vous mette l'arme à la tronche et les larmes aux yeux. J'aimerais que les maux sous votre langue se transforment en mots, que les pleurs sous vos rétines se métamorphosent en peurs irisées. J'aimerais que vos feuilles, au lieu de bourdonner, fleurissent et captent le pollen du silence, que les pétochers deviennent pétales. J'aimerais que vos narines respirent l'iode marine, que vos envolées nasales partent plus profondément que les vols programmés de la Nasa. Que vos sinus s'insinuent dans votre gueule d'atmosphère.

J'aimerais que vos joues rougissent et jouent avec le feu, que vos focettes soient vraisemblables,  que votre menton s'incline enfin et dise vrai. Que chacun de nos lobes passent au-dessus de nos têtes et que nous nous retrouvons avec le cerveau au fond des chaussettes. Enfin le pied.

J'aimerais tant que l'on me dise après cela – même si l'on me classe dans la famille nombreuse des porte-mentaux - cinq fois chapeau !

Ah... Je vous promets, jamais je n'aurais le melon. Je reste un planeur sur vos cieux nuageux, vos esprits torturés et ombrageux. Cet aéroglisseur qui file droit et insouciant sur les bleus océans au céans outremer. Oui, je demeure un bob qui ne se dérobe ni au zéphyr ni aux airs vifs...

Mais hélas, maintenant que vous vient l'eau à la bouche, voici la perfide douche, au fil d'une réminiscence psychotique cinéphile... car la file du temps n'est ni élastique ni excentrique, ni caoutchouteuse ni carambarolesque. Dans notre réalité. Il nous sangle que demain n'en sera qu'une... main. Même si la mousse tâche, est-ce humain ???

Car, malgré sa physionomie, le récit s'achève et tel un petit beurre nantais, rancit. J'ai bien senti sous l'huile de ma peinture - et vous l'avez LU avec moi - que le vernis s'écorçait et que l'olivier commençait à trouver le temps un peu long...

27 février 2010

Olivier commençait à trouver le temps un peu long… (Adrienne)

Olivier commençait à trouver le temps un peu long.
Il était arrivé en début d’après-midi dans la petite ville de R***. Tout y paraissait endormi, un peu figé, d’un autre siècle, en quelque sorte.
Il avait rendez-vous avec Yann qui devait l’aider à se trouver un chapeau. Un chapeau ! Lui qui ne portait même pas de bonnet au plus fort de l’hiver allait devoir s’exhiber en chapeau haut-de-forme au mariage de sa sœur. Il s’était fait piéger.

Et pourquoi ce rendez-vous dans cette petite ville de nulle part ? N’y avait-il donc plus de chapeliers à Bruxelles ? Gillis, rue du Lombard ?
- Non, gros bêta, il ne fait que les dames !
- Christophe Coppens ?
- Tu rigoles ! Je veux du classique, un bel et authentique haut-de-forme, avait dit Sarah.
Une petite sœur qui se marie, peut-on lui refuser ses quatre volontés ? D’ailleurs, personne ne résistait à Sarah.
- Alors Lemesre, rue de l’Ecuyer ? fit-il dans une dernière tentative de s’éviter ce voyage à R***
Mais non, elle avait arrangé ce rendez-vous pour lui avec Yann, fin connaisseur (parce que Breton ? ils ont des chapeaux ronds ? ha ha ha, ne me faites pas rire !) mais qui n’arrivait pas.

Olivier en avait assez de poireauter devant le numéro 17 de la rue au Vin. Une chapellerie, en effet. Trois grandes baies vitrées un peu désuètes et une rue où personne ne passait. Où étaient donc les habitants de cette ville ?
Des chapeaux, des casquettes, exposés sobrement, certains accrochés au plafond, d’autres à une sorte de porte-manteaux ou sur des présentoirs.
Il entra seul. Tant pis pour les avis experts de Yann, il s’en passerait.

A l’intérieur, le magasin se composait d’une vaste salle avec deux longs comptoirs. Au fond et sur toute la longueur à droite, des rayonnages avec des cartons à chapeaux. A côté de l’entrée, un grand miroir où on pouvait se voir en pied.
La porte de l’arrière-boutique s’ouvrit sur un homme petit, rond, chauve. Affable et souriant.

L’affaire fut vite conclue. Le chapelier avait tout de suite déterminé d’un œil averti qu’Olivier avait une taille 56 et qu’il était pressé d’en finir.
- Le mieux, dit le brave homme, ce serait qu’on assouplisse un peu le tour de tête. Ce sera plus confortable, surtout si vous n’avez jamais porté de chapeau. Si vous le désirez, je vous montrerai comment nous autres artisans procédons pour détendre un peu le feutre à la vapeur. C’est tout simple et ça ne durera pas longtemps, j’ai la bouilloire toute prête sur le feu. Si vous voulez bien me suivre…

C’est seulement alors qu’Olivier aperçut Yann, sa moustache à la Maupassant et son chapeau rond. Piégé, lui aussi. Dans la main de l’affable chapelier brillait un scalpel.

27 février 2010

Qui va piano (Didier)

Elle m’a montré son montage. Une sorte de collage, sur fond beige. Elle semblait en être satisfaite. Sur le coup, franchement, j’ai reculé. Puis j’ai regardé, et regardé encore. Ensuite, j’ai fermé les yeux. J’ai choisi de m’évader.

Je me suis mis virtuellement un morceau de Didier Squiban entre les oreilles, cela collait parfaitement avec ce que je ressentais. Je me suis retrouvé au milieu de prairies verdoyantes et de ruisseaux généreux. Ils voisinaient avec des vagues écumeuses et des pins parasols. Un piano à queue sur une plage. Des enfants qui jouent. Un ballon. Il faisait soleil. Il faisait bon.Je souris en me disant que l’artiste avait aussi cette capacité : nous aider à aller chercher parfois au-delà de nous ce que l'oeuvre fait jaillir de prime abord. Cela méritait quelques efforts de notre part. 

J’ai de nouveau ouvert les yeux. Elle n’avait pas bougé. Comme suspendue.

Elle me demanda finalement : Alors, tu en penses quoi ?

Je lui dis : Je ne sais pas encore.

Elle insista, un peu : oui, mais tu aimes ou tu n’aimes pas ?

Je secouai la tête. Fermai les yeux de nouveau. Tout était là, en place. Je les rouvris.

Tu sais, Laure, je crois en fait que je ne vais pas te répondre.

Elle blêmit. Je me sentais un peu vache. Je ne pensais pas qu’elle jouait l’ensemble de son existence dans les deux secondes qui venaient. Cela semblait exagéré. Ne l'était peut-être pas.

Je m’expliquai : Je ne vais pas te répondre parce que je crois que ce n’est pas la bonne question, aimer ou ne pas aimer. Je ne sais pas quoi dire à cela.

Elle tenta une dérivation, sautant sur l’occasion. C’est façon de parler, bien sûr.

Un bout de sourire était apparu sur les vestiges de la grimace précédente. Ca faisait un drôle de tableau.

Je poursuivis. Ce n’est pas la bonne question parce que je crois que la création, la tienne, la mienne, c’est d’abord quelque chose qu’on a en soi, quelque chose qu’on a envie de sortir de soi. C’est un message, un langage, qu’elle chose qu’on exprime. C’est le plus important. Après, on montre ou ne montre pas ce qu’on a créé, mais c’est déjà autre chose. Faut pas mélanger les regards. Les artistes devraient essayer de dire ce qu’ils ont voulu faire. Ca ne serait pas pour nous aider à comprendre. Mais pour nous aider à savoir si nous allons ou pas dans une direction.

Je la regardai. J’observai de nouveau son montage. Je lui dis : C’est ma réponse, et crois-moi, elle n'est pas si évidente que cela. Parce que… comment dire... parce que Je me dis, si ça se trouve, elle a mis des heures et des heures à créer cela, elle a un espoir immense, elle va peut-être pleurer en partant de cet hôpital. Je pourrais dire autre chose, bien sûr. Mais ce serait te mentir. Et ça je ne le veux pas. Non, je ne le veux pas.

Elle pianotait des doigts sur le radiateur pendant que je parlais. Je souris en mon for intérieur de la coïncidence, elle et son radiateur, moi et mon pianiste.

Allons boire un verre, si tu veux bien.

Il était temps de prendre un peu l’air. L'air du temps qui passe. Du temps suspendu.

Au fait, c’est qui Olivier ? je lui demandai.

Elle rougit.

Ambiance musicale

27 février 2010

Le syndrome du père noël (Venise)

L’eau montait de toutes parts et personne ne se souciait du tableau.

J’en profitais pour m’esquiver le tableau sous le bras. En remontant la vallée vers le sud, je vis bien que la toile avait pris l’eau ; elle avait un drôle d’air. Le personnage central avait perdu son chapeau et une petite voix me criait : « À partir d’aujourd’hui toutes tes journées seront belles.»

L’homme nu surgit hors de la toile un chapeau à la main ; il quitta son perchoir et dégringola le sentier à ma rencontre. Il me salua et fit mine d’approcher.

Son seul luxe et sa pudeur, c’était ce chapeau qui masquait son sexe.*****

Ce rêve, à bien des égards, Venise, parle de votre relation complexe au père noël, dit le psychanalyste.

Nous terminâmes notre séance. Le psychanalyste s’approcha du porte manteau. Avec humilité, il prit son chapeau et sortit à moitié nu les tripes à l’air sous les rayons de juin en chantonnant : « Ils  ont des chapeaux ronds vive les bretons. »

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Le défi du samedi
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