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Le défi du samedi
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30 août 2014

Défi #314

Retour de voyage !

Bien souvent dans la valise

on trouve des objets glanés ici et là !

Qu'avez-vous ramené comme souvenirs de vos vacances  ?

(ou comme souvenirs de balades)

Valise - Voyage

Nous attendons avec impatience l'ouverture de vos bagages à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt les amis !

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30 août 2014

Ont franchi le petit pont de bois

30 août 2014

LE PETIT PONT DE BOIS (Lorraine)

Non, je n’ai pas rêvé ce petit pont de bois

Ni le ru murmurant qui longe la prairie

C’était un jour d’été et soudain je revois

Mes cousines aux yeux bleus et leur robe fleurie

 

Aline et Nathalie, le petit chien et moi

Allions nonchalamment de jardin en charmille

Aline chantonnait quand, près du petit bois

Trois garçons ont surgi la mine réjouie

 

Ils nous ont dit « Bonjour » d’un petit air narquois

Nous n’avions pas quinze ans mais c’est à la folie

Qu’Aline tout soudain a aimé Jean-François

Un charmant troubadour qui séduisait les filles

 

Nous étions arrivées au petit pont de bois

Qui menait au château et à ses armoiries

Je l’ai franchi d’un bond, j’habitais à deux pas,

Entraînant Nathalie et Aline éblouie

 

Les années ont passé, le temps est un sournois

Aline y a laissé son amour en charpie

Nathalie (qui l’eut cru ?) épousa un chinois

J’élève mes moutons dans une bergerie

 

Non, je n’ai pas rêvé ce petit pont de bois

Qui garde d’autrefois une image attendrie

La vie qui vient qui va ressemble à  un tournoi

L’amour est un refrain d’orgue de Barbarie

 

30 août 2014

Eva dénoue l’affaire (KatyL)

Eva dénoue l’affaire

 

Eva demanda à la femme si elle pouvait lui indiquer la porte où se trouvait sa sœur de manière à dénouer cette affaire.

L’autre lui indiqua l’escalier. En haut de celui-ci, une unique porte s’y trouvait, elle frappa.

-« Entrez ! » dit une petite voix

Elle poussa la porte et à sa grande surprise cette fois c’était propre et aéré, rangé sobre mais très « années 60 » comme déco , les rideaux entre-ouverts de la porte-fenêtre laissaient voir le jardin situé à l’arrière de la maison un peu en fouillis mais joli avec de magnifiques églantiers sauvages très fleuris, des iris et des fleurs jaunes mélangées.

Eva se tourna de suite vers la rousse qu’elle reconnut sans aucun doute possible.

-« Bonjour je suis Eva Ivan j’ai reçu une lettre anonyme que je vous ai vu poster de ma fenêtre sans que vous puissiez me voir, le lendemain cette lettre avec les rayures marrons se trouvait entre mes mains livrée par mon facteur,  j’ai pris la précaution de la mettre dans un sac plastique de manière à la donner à la police avec vos empreintes si vous ne me dites pas de quoi il retourne de suite »!! Eva avait monté le ton.

L’autre vacilla et pâlit de suite, elle fit signe à Eva de se mettre sur un fauteuil et en fit de même sur celui en vis-à-vis.

-« Oh dit-elle je ne pensais pas que vous me verriez car je ne savais pas où vous habitiez, j’avais juste mis votre prénom et nom et le village, je cherchais quelle était votre maison pour y mettre directement cette lettre,  comme ce quartier est assez désert avec des maisons espacées j’ai mis au hasard dans une boite aux lettres et vous m’avez vue ! Bon ! Je voulais vous avertir de ne pas sortir avec ce monstre ! »

-« Ce monstre dit Eva toute rouge je vous interdis ! Vous parlez de quelqu’un pour qui j’ai de profonds sentiments que vous a-t-il fait pour que vous le traitiez ainsi, vous êtes déjà sortie avec Raphael d’après ce que je sais et vous seriez aussi sortie avec Joachim alors ? »

-« Joachim le maréchal ferrant vous voulez dire ? Mais non il ne s’agit pas de lui ! mais bien de Raphaël Fontenoy , vous êtes sa maîtresse je suppose car à sa soirée en ville il vous a installée sur la chaise au nœud rose il fait cela à toutes les belles ou moins belles femmes qu’il veut mettre dans son lit, il joue de son prestige et aucune ne lui résiste pas moi d’ailleurs, ni ma sœur vous le savez sans doute, vous êtes si jolie que je me doutais qu’il allait vous mettre le grappin dessus, de plus votre photo était dans le journal qui relatait la soirée, je sais qu’il vous a invitée ensuite chez lui, mais avec vous il a sorti le grand jeu vous devez drôlement lui plaire, sa femme de ménage est restée en bon terme avec moi, elle m’a dit tous les préparatifs faits pour vous d’ailleurs c’est elle qui a tout fait pour le repas et mis la table elle est partie juste avant votre arrivée »

-« Oh dit Eva quel menteur il m’a fait croire qu’il avait tout fait ! Mais cela est sans importance, ce qui compte c’est que vous me disiez que cette lettre ne concerne pas Jo mais Raphaël, rassurez-vous je ne lui ai pas cédé et n’en ai aucune intention, il est beau certes et il écrit bien, il a de la classe, mais quelque chose me gêne chez lui, et comme j’éprouvais déjà des sentiments pour Jo que je connais depuis plus de 8 mois je n’étais pas réceptive à lui du tout ! Mais revenons à nous ! Pourquoi cette lettre, vous pouviez venir me parler ? »

-« J’étais persuadée que vous étiez sous son charme que vous ne m’écouteriez pas et surtout que vous le lui diriez, il est dangereux en colère !! Très ! Vous êtes bien la seule à lui avoir résisté alors à ma connaissance, il doit être furieux contre vous, il va vous le faire payer croyez-moi ! De plus ni la femme de ménage ni moi n’avions votre adresse, nous n’allions pas demander à toutes les portes, comme discrétion il y a mieux !!!»

-« Mais dit Eva cela ne tient pas la route il est fou ? De quelle manière me ferait-il payer cela à votre avis ? » Et d’un bond elle se leva comme si une guêpe l’avait piquée ! 

-« Je sais ! »

-«  Que savez-vous ?» dit l’autre

-« Mon garage a été cambriolé et il est venu de suite me proposer une voiture, ensuite Joachim a eu son pneu de crevé il est donc arrivé en retard chez moi, ce qui laissait à Raphaël le temps de venir me voir et de me jouer son numéro, il m’a prise dans ses bras lorsque Jo est arrivé en pensant le rendre jaloux, tout tient ! Mais comment le prouver ? »

L’autre hésita un moment,

-«Ecoutez je peux vous aider à condition que cette lettre soit brûlée et que vous n’alliez pas à la police, je suis désolée de vous avoir fait peur je voulais juste vous aider pour ne pas que vous souffriez comme moi j’ai souffert avec ce salaud, mais je connais des gars qui seraient prêts à tout pour quelque argent ils allaient aux renseignements pour Raphaël pour ses romans lorsqu’il lui fallait enquêter dans certains milieux, je sais où ils habitent mais ce n’est pas sans danger car l’un d’eux a fait de la prison et c’est pas un enfant de chœur  »

-«Ne faites rien dit Eva n’y allez pas je vais parler avec Jo et nous aviserons.  Pour vous ce sera sans souci : pas de suite, je brûlerai la lettre, mais je vous plains vous devriez changer de coin et trouver un brave gars, refaire votre vie, laissez ce triste personnage et ne pensez plus à lui, vous avez encore du temps devant vous, souriez à la vie ! »

-«  Je cherchais à me venger car lorsqu’il a appris que j’étais enceinte il a été odieux avec moi il m’a parlé de ses nombreuses conquêtes des soi-disant  « bons coups » et de ma sœur qui était sa maîtresse, il voulait nous brouiller, il m’a dit que je ne valais pas un clou, que je ferais mieux d’avorter car il ne reconnaîtrait jamais l’enfant ! Je l’ai fait dans la clinique où je travaille,  je suis infirmière, je me suis fait avorter sans rien dire à personne, j’ai eu de graves séquelles et des hémorragies et depuis je ne peux plus avoir d’enfant ! »

Elle se mit à pleurer à chaudes larmes, Eva la prit contre elle …

-« Bon dit Eva je vais y aller, je dois recevoir l’assureur cet après-midi pour mon garage et sortir enfin ma voiture si la porte est réparée, je verrai Joachim ce soir et je lui expliquerai tout. En attendant restez ici sans prendre d’initiatives dangereuses, ne parlez de rien à personne, je vous tiendrai au courant si vous me donniez votre téléphone ce serait plus simple ? »

Elle le lui donna, Eva mit le numéro dans son sac et partit. Elle reprit le bus dans l’autre sens il était 13h pile et elle avait faim !

Elle s’arrêta une station plus bas pour acheter une belle baguette et une tarte au thon. Elle remonta allègrement sa rue ravie d’avoir appris que Jo était innocent d’ailleurs elle n’en avait pas douté, elle était heureuse. Elle n’avait pas vu que dans une voiture de sport garée plus loin de la boulangerie quelqu’un la regardait intensément.

Elle entra chez elle, ferma sa porte à double tour, mit la tarte au four, se prépara un café et se prépara à laisser un mail à JO lorsqu’elle entendit la sonnette de l’entrée.

Elle regarda par le judas qui cela pouvait bien être et reconnu Raphaël !!... !!!

Elle n’ouvrit pas et au contraire s’éloigna de la porte. L’autre sonna à nouveau de plus belle !

-« Eva je sais que tu es là, je t’ai vu entrer ouvre-moi s’il-te-plaît j’ai quelque chose à te dire d’important, allez ! Ouvre ! »

-« Non ! Dit-elle je ne suis pas disponible, et j’attends quelqu’un dans 1/2 d’heure, je dois me préparer, j’ai mon bain qui coule et j’ai juste le temps excuse-moi je ne peux pas ouvrir »

-« Eva ne te moque pas de moi, je t’ai vu rentrer tu es prête déjà, ouvre-moi je dois te parler j’en ai pour 5 mn et je repars je te promets, d’ailleurs j’ai un RDV aussi »

Elle hésita et finalement lui hurla au travers de la porte !

-« Laisse-moi tranquille je n’ouvrirai pas, tu reviendras ce soir vers 19h ça te va ? »

Il râla mais finit par accepter de mal gré et il rebroussa chemin, elle entendit le vrombissement du moteur s’éloigner, elle respira un grand coup !

Elle en avait assez de cet encombrant voisin !! Elle se sentait épiée et pas du tout en sécurité, elle arrêta le four qui fumait avec une odeur de léger brûlé et alla faire son mail explicatif à JO en lui disant d’arriver bien avant 19h ce soir pour attendre Raphael avec elle, elle mangea contrariée de cette visite, prit deux tasses de café  et se cala dans son canapé pour réfléchir.

Elle s’endormit un peu.

Quand à nouveau quelqu’un sonna à sa porte ! Elle regarda et vit que c’était sa voisine d’en bas de la rue Madame Rivard, elle ouvrit soulagée, celle-ci avait un panier rempli de légumes et fraises pour Eva.

Elle la remercia avec chaleur et lui fit un café, la laissa raconter ses malheurs et soucis de santé et pour la consoler lui offrit une aquarelle avec de jolies fleurs, la dame fut très touchée par ce geste. Elles se quittèrent 1h après. Eva promit d’aller leur rendre visite avec JO.

Elle rangeait sa cuisine lorsque l’assureur arriva avec un expert.

Ils constatèrent les dégâts, la serrure était fichue et la porte un peu cassée mais réparable, l’expert mandata un serrurier pour que son garage lui soit ouvert et qu’elle récupère sa C3 au plus vite, l’assureur la rassura elle n’aurait aucun frais, tout serait pris en charge, ils discutèrent un peu peinture l’assureur en était friand, lorsque le serrurier arriva à son tour ! Du coup l’expert lui indiqua quoi faire, il ouvrit sans peine le garage Eva sortit sa voiture et la mit devant chez elle, le serrurier changea le système de fermeture mais il fallait réparer le montant de la porte il s’engagea pour le menuisier et quitta Eva.

Elle se sentait bien, toutes ces visites lui avaient été agréables elle en oublia de refermer sa porte à clé et vaqua à ses occupations, nettoya les fraises et fit une tourte aux courgettes pour le soir.

Vers 18h00 elle mit son jeu favori « questions pour un champion » elle attendait Jo,  lorsque sa porte s’entrouvrit pour laisser passer la tête de Raphaël !! Non d’une pipe ! Elle avait oublié de fermer ! Elle se leva d’un bond et lui dit d’emblée :

-«Mais je t’avais dit 19h !! Pas avant ! »

-« écoute ma belle j’ai vu ta voiture je me suis arrêté, j’ai une proposition à te faire, mon père possède un château, oui tu sais j’ai mis Fontenoy sur mes bouquins mais je m’appelle De Fontenoy de l’Aiguillère, je t’ai apporté la photo ka01 et je t’emmène y faire un tour ce weekend si tu veux ? Je tiens beaucoup à toi, je sais que tu ne vas pas me croire mais je n’ai jamais été amoureux vraiment avec toi c’est différent je pense à toi tout le temps et cette balade te fera du bien j’en suis sûr ! »

-« Stop n’en dis pas plus ! Je ne te crois pas ! Quand je pense à toutes les femmes à qui tu as dû sortir tes balivernes pour les faire succomber avec moi ça ne prend pas Raphaël, tu es trop insistant je suis déjà amoureuse de quelqu’un d’autre ! »

-« Quoi tu es amoureuse ! De qui, du maréchal ferrant ?  Mais il n’a pas de fortune lui à part ses canassons il n’a rien à t’offrir moi je te ferais voyager, je te couvrirais de cadeaux…. »

-« Ah oui dit-elle il n’a pas de fortune la belle affaire ! à nous deux nous avons largement de quoi : chacun sa propriété et du travail de l’amour surtout, des projets plein la tête et des voyages nous en ferons beaucoup, mais cela ne te regarde en rien ! »

Il s’approcha d’elle avec un regard de feu ! Il la prit dans ses bras et la jeta sur le canapé, commença à l’embrasser dans le cou, elle se débattait le plus possible, la télé envoyait les questions de Julien Lepers, comment allait-elle s’en sortir ? Elle se cabra mais il était lourd et se coucha sur elle, lui caressait avec bestialité les seins, elle cria !! Il plaqua sa main sur sa bouche et enfin ses lèvres, elle mordit le plus fort possible le griffa sur la figure, mais elle sentait bien qu’elle n’arriverait pas à s’échapper elle se sentait perdue, il la tenait, il tenta de remonter sa jupe de son autre main et glissa une main entre les jambes d’Eva, elle suffoquait, dans un effort désespéré elle l’envoya au tapis ! Mais déjà il se redressait la lèvre tuméfiée par la morsure, il semblait excité par ce combat, il avait un sourire mauvais.

C’est à ce moment précis que JO entra avec Bob le chien et un bouquet de roses à la main.

Il comprit, posa les roses et attrapa Raphaël par le col, Eva était rouge de colère, sa jupe retroussée, ses cheveux en bataille, ses seins lui faisaient mal sa bouche aussi…………

-« IL, il a tenté de me violer !! Il faut téléphoner à la police et tout lui expliquer je veux porter plainte hurla-t-elle !  Salaud espèce de brute !! »

Jo lui envoya un coup de poing magistral dans la figure avec ses mains puissantes d’homme qui manient fer et chevaux, lui cassa presque le nez, il atterrit contre le chien et Bob le mordit au mollet avec force et rage ne le lâcha pas ! Eva téléphona à la police expliqua la situation et l’urgence, elle entendit une voix lui dire de ne pas ranger les lieux, de ne pas se laver, de laisser tout en place ils arrivaient !

Raphael n’en menait pas large malgré son nez et sa lèvre qui saignaient il tenta une explication

-«Non il n’avait pas voulu la violer, il la croyait consentante, il était amoureux d’elle demandait pardon pour sa conduite, il était navrant et tout mielleux »

-« Eva en profita pour dire, alors et le garage c’est toi ? Tu voulais me faire peur et que j’aille me réfugier chez toi, tu voulais me prêter une voiture pour que je  dépende de toi, et pour le pneu de Jo est-ce un de tes sbires, je sais tout ! »

Jo lui dit qu’il était un pauvre type ! Il lui envoya un coup de pied pour qu’il reste tranquille ! Il le surveillait de près et le chien ne le lâchait pas !

La police arriva,  constata et fit signer Eva, embarqua Raphaël les mains dans le dos au poste.

Elle alla se laver en  pleurant, revint les cheveux mouillés mais jolie et se jeta dans les bras de Jo qui l’accueillit avec amour et tendresse, le chien s’en mêla et fit une lichette à Eva sur les jambes…

Ils dinèrent en se racontant tout sur les derniers évènements, le dîner était le bienvenu, ils avaient toute la vie pour oublier cet incident et ce triste individu qui en aurait probablement pour un moment en prison lorsque le procès aurait lieu, cela ferait du bruit par ici,  les langues allaient se délier, mais Eva et Joachim étaient heureux d’en être débarrassés.

Jo lui prit la main ka02 la rassura, la cajola, lui dit tout son amour pour elle, enfin elle lui dit aussi qu’elle l’aimait depuis leur première rencontre.

Ils allèrent au lit avec  une fougue et une faim réciproque.ka03ka04

      Demain ils verraient pour faire des projets d’avenir l’heure était à la passion.

 

Fin du feuilleton qui aura sans doute une suite l’été prochain avec des rebondissements ??

30 août 2014

La méditation d’Ève-Line d’Estrelac (EnlumériA)

Cela faisait maintenant trois jours que Kaelia était enfermée. Mise aux fers en quelque sorte. Monsieur Mite lui apportait ses repas sans prononcer un mot, sans s’attarder. Il semblait maussade. Ce qu’il avait découvert dans la cabine du capitaine n’avait pas eu l’heur de lui plaire et le moins qu’on pût dire, c’est que cette raclure de Ward n’avait pas vraiment apprécié non plus.

Tout d’abord, il y avait eu cette étrange impression de temps figé. Une fraction de seconde qui avait semblé durer des heures. Cette terreur vague dans le regard du capitaine face à la détermination de Kaelia. Et surtout à sa surprenante rapidité.

Quelque part, il y avait eu ce coup de sonnette suivi de cette seconde éternelle pendant laquelle le capitaine Ward réalisa qu’il n’aurait jamais dû lever la main sur la jeune femme. Cet éclair de haine verte dans la prunelle de Kaelia, comme si soudain, elle avait pris la décision de régler d’anciens comptes.

 

Dans la pénombre de sa cabine, Kaelia se lissait les cheveux du bout des doigts. Un geste qu’elle faisait machinalement depuis sa plus tendre enfance lorsqu’elle se sentait désemparée mais néanmoins résolue à persister dans l’action qui lui semblait juste. Lorsque sa mère s’était enfuie du château et qu’elle s’était retrouvée seule avec ce père brutal et capricieux qui, avec le temps, était devenu un vieux bonhomme triste et poussiéreux dont la seule préoccupation était sa stupide collection d’objets postaux.

À l’époque, Kaelia s’appelait Ève-Line. Ève-Line d’Estrelac. Un nom qui claquait et qui en imposait, mais aussi un nom qui vous attirait les moqueries d’une bande d’imbéciles braillards et impertinents qui ne supportaient pas leur condition de fils d’ouvriers et de paysans. Une troupe de petits salopards qui croyaient faire revivre la Révolution Française à chaque récréation. Ève-Line avait maudit son nom, son père et ses origines, cultivant en son cœur une rage et un esprit de revanche sans pareils. Et puis l’adolescence avait pointé le bout de son nez et les révolutionnaires en culotte courtes s’étaient calmés. Une autre sorte de démon fit son apparition. Ève-Line eut à subir les regards salaces et les gestes déplacés de jeunes chiens fous aussi avenants que des soudards éméchés.

C’est là aussi qu’elle avait découvert les armes qui dompteraient ces fauves. Elle se rendit compte que par un jeu subtil de ses charmes, elle pouvait faire ce qu’elle voulait de ses camarades de lycée. Elle en profita de toutes ses forces jusqu’au jour où elle rencontra Maxence. D’où sortait-il celui-là avec ses élégances de punk dandy. Il jouait de la basse dans un groupe de la ville et se targuait d’écrire de la poésie qu’il mettait en musique. Elle était tombée amoureuse de son spleen légèrement décadent, de sa démarche languide et de ce regard qui lui transperçait le cœur chaque fois qu’il daignait lui accorder un instant. Monsieur se la jouait Jim Morrison et Johnny Rotten mêlés.

Un soir, comme sa mère jadis, Ève-Line, devenue Éva, s’était enfuie sur les routes avec son musicien maudit, au grès d’une tournée sans fin qui les mènerait jusqu’à Nassau et à la désespérance. Sex, drugs and rock’n’roll ! Maxence au nez poudré s’était mué en une épave écorchée, violente et écœurée. La gloire ne fut pas au rendez-vous et il le fit payer à son Éva. Il ressassait ce possessif comme s’il parlait d’une monture ou d’un meuble et puis un matin, comme il se relevait d’une cuite carabinée, il se fit virer du groupe. Ils avaient trouvé un autre bassiste. Un type gérable et à l’heure. C’est là qu’il avait commencé à frapper son Éva. Alors, elle s’était enfuie encore. Parvenue sur la plage, elle s’était enfoncée dans l’océan comme on se réfugie sous une couverture par peur des fantômes.

Ce qui s’était passé ensuite, elle ne savait plus trop. Elle avait repris conscience sur cette plage de sable rose et avait rencontré ce garçon aux yeux de chien battu qui ramassé des coquillages comme d’autres auraient ramassé des pièces de monnaie. Ève-Line avait disparu dans les limbes, Éva s’était noyée dans les Bermudes et Kaelia était née sur cette plage un peu comme Aphrodite surgie de l’écume.

Parfois, comme dans un rêve improbable mais tangible, elle revoyait le château de son enfance. Cette grande bâtisse sombre et glacée où un vieillard larmoyant accumulait des boîtes à lettres de tous les pays, lui qui ne recevait jamais aucun courrier.

La porte de la cabine s’ouvrit. Le capitaine Ward, le bras en écharpe, lui lança un méchant regard. Kaelia se demanda s’il repenserait à ce coupe-papier planté dans sa main chaque fois qu’il regarderait une femme. Il lui signifia qu’on allait la ramener à terre et qu’ensuite, elle aille au diable.

 

Fin de la première saison.

 

Évreux, 28 août 2014.

 

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30 août 2014

Le petit pont de bois (Sebarjo)

- Mon cher Sebarjo, la semaine dernière vous nous aviez chanté Deux pieds de Thomas Fersen. Je pense donc qu'aujourd'hui il est fort probable que...

- Ah ! Ça m'étonnerait !

- Quoi ???

- Je dis que ça m'étonnerait. J'aime pas Yves Duteil. Je ne ferai donc pas le petit pont de bois !

Oh mais c'est que je vous ai vu venir ! Ca vous démangeait comme une guitare !

- Quel dommage. Peut-être que notre ami Joe Krapov s'en chargera s'il n'est pas resté coincé dans un filet bleu à Concarneau !!!

- Mais par contre j'avais pensé...

- Ah non ! Trop tard !!!

- Bon dans ce cas, voici l'original :

 

 

30 août 2014

Le Domaine de Chatterley ? (Joe Krapov)

DDS 313 paysage de début

- C’est mâtines de Pâques, ma douce primevère !
- Il suffit !
- Les cloches sonnent de bonheur ! Din ! Ding ! Dong !
- Il suffit !
- Courons, légers comme cabris, faisons des bonds ensemble et des gambades en l’honneur de la nature, de Dieu…
- Il suffit !
- Laisse-moi jouer guilleret l’aubade à la mousse, à l’herbe, au coquelicot, au royaume de la tarentelle… Laisse-moi croire que tu préfères le berger qui souffre sans le dire au sonneur en velours et dentelles…
- Il suffit !
- Coucou, fais le guet ! A cueille-fleurettes je t’emmène visiter le danger et l’enfer ! C’est péché de cacher ton dedans ! Rien n’est mieux pour s’aimer que blottis sans galoches ni sabots avec elle que, entre tou’s les belles, je saurai tant tenir comme pique, chardon ménager pied voici ton tout passer patte pendant personne devine jetons dents semble ton tes ton tes tes ton petits fleuris tenir tenir tenir vois tout tout Bon !
- Il suffit !

Devant l’incohérence du discours et l’impudence des gestes de l’homme au souffle court, la châtelaine s’échappe. Elle franchit la passerelle en courant.

Il la regarde fuir vers le château au loin et, ressentant au plus profond de sa chair un sentiment d’échec lié à leur différence de classe sociale il se tourne vers Dieu et lui demande de faire disparaître cet épisode de sa biographie, voire même, s’Il le peut, à la faveur d’une révolution à venir, de faire en sorte que ces murs roses et ces tourelles pointues disparaissent de la surface de la planète.

Alors, le miracle se produit. Dieu apparaît entre deux nuages dans le ciel, il passe un coup d’éponge et repeint un autre paysage par-dessus Sa création.

DDS 313 paysage de fin

- Seigneur ! Qu’as-tu fait là ? demande la châtelaine avant de disparaître dans un autre espace-temps où les bergers Fragonardiens n’ont plus rien de libidineux.
- Ben quoi ? Tu ne connais pas la chanson ? Il supplie d’effacer le fond, c’est tout de suite la peinture ! 

30 août 2014

Cartes postales, Chapitre VIII (par joye)

Chapitre VIII : Suite et fin

[L’histoire jusqu’ici : Amanda Perry, américaine de voyage en France, se sauve à Nancy, pour chercher des conseils de l’avocat qui lui avait annoncé l’héritage mystérieux.]

Une heure plus tard, et bien installée au cabinet de son avocat, Amanda se sentait moins crispée. Cherval avait téléphoné à la police, qui lui fit transmettre la bonne nouvelle qu’on avait arrêté le voleur avec le sac volé, son contenu miraculeusement intact.

-          Je ne saurais jamais vous remercier assez, soupira Amanda.

-          Oh, mais je vous en prie, Miss Perry, c’est le moindre des choses, répondit Cherval. Mais je suis un peu perplexe. Pourquoi justement êtes-vous venue me voir ici à Nancy ?

Amanda prit quelques minutes pour lui raconter les messages mystérieux qu’elle avait reçus à Annecy.

-          Ah oui, répondit l’avocat. Je vois bien que tout cela aurait pu vous troubler. Mais depuis votre arrivée ici, tout va bien, n’est-ce pas ?

-          Oui….mais justement…l’autre jour, un autre évènement curieux…je crois avoir fait la connaissance de votre fille ?

-          Ma fille ?  lui répondit l’avocat d’un air étonné. Je n’ai pas d’enfants !

-          Bizarre, j’ai fait la connaissance d’une petite blonde qui fait de la danse classique…

-          Ah, sourit l’avocat. C’est ma petite cousine.

-          Et sa grand-mère, la prof de danse, alors, c’est votre grand-tante ?

-          Exact. Redoutable, cette dame, n’est-ce pas ?

-          Euh…un peu trop sévère avec votre cousine.

-          Oh, il ne faut jamais trop vite juger basé sur une seule rencontre ! Par exemple, vous avez cru que quelqu’un vous poursuivait, et vous avez tout de suite fui Annecy…tout à fait comme quelqu’un dans un feuilleton, si je peux me permettre de vous le dire.

Sa cliente rougit. C’était vrai qu’elle n’avait pas trop essayé de comprendre les évènements, et qu’elle avait réagi sans trop réfléchir. Maître Cherval la gronda encore.

-          Et pire, en ce qui concerne votre héritage, vous ne m’avez jamais demandé de qui venait l’argent. Vous n’étiez pas curieuse de savoir qui vous aurait légué tout cet argent ? Personnellement, j’ai trouvé cela bien bizarre. Ne voulez-vous pas savoir d’où venait tout cet argent ?  J’avoue que votre amie Brenda a été très déçue…

-          Mon amie Brenda ? Du Wyoming ? s’exclama Amanda.

-          Elle-même ! sourit l’avocat. Vous savez bien qu’elle a gagné la loterie l’année dernière.  Alors, elle a décidé de partager ses millions avec vous. Et quand vous avez tout accepté si calmement, sans poser de questions, elle a décidé d’engager quelques-uns de mes amis pour vous réveiller un peu…ce garçon de café, par exemple…c’est mon neveu Édouard. Et ce Goudin à l’hôtel, Édouard encore. Brenda était sûre que vous reconnaîtriez sa voix…

Amanda resta sous le choc. C’était alors sa copine Brenda qui orchestra tout cela ?

-          Alors, la rencontre avec la petite et sa mamy, c’était l’idée de Brenda aussi ?

-          Ah, non, hélas, là, c’était mon idée, mais Brenda était bien d’accord, rit l’avocat. Le sac aussi, mais nous étions convaincus que cette fois-là, vous n’alliez pas gober…

En ce moment-là, des portières derrière son bureau s’ouvrirent abruptement et l’amie Brenda apparut, hurlant de rire.

-          Arrêtez, je peux plus ! gloussa la petite brune. Eh ben, ma belle, je t’ai bien eue, hein ?  Hein ?

Amanda la fixa des yeux, ne sachant si elle devait rire ou pleurer.

-          Mais pourquoi ? lui demanda-t-elle. Je comprends l’astuce de l’héritage - tu savais que j'aurais refusé un cadeau offert ouvertement - mais pourquoi toutes les autres parties, j’ai failli mourir de peur, tu sais !

-          Parce que ! rit Brenda, serrant Amanda sur son cœur. Il fallait faire quelque chose, tu t’ennuyais comme un rat mort !

-          Oui, c’est vrai, je m’ennuyais, admit Amanda, un peu étonnée. Mais... comment le savais-tu ?

-          Parce que je savais lire, ma chère, entre les lignes.

-          Entre les lignes ? demanda Amanda, incertaine.

-          Ouais ! rit Brenda encore. Entre les lignes…sur chacune de toutes tes petites cartes postales !

carte postale de l'été

30 août 2014

Brecouille (Vegas sur sarthe)

La mioche - qu'on appelle Cappuccetto Rosso et plus simplement en vieux françois la Petite Cape Rouge, mais qu'on appellait Blanche comme qui dirait de la neige - se trouva fort dépourvue en approchant du château de sa marâtre.
Elle rentrait brecouille, pas même ingrédient ou deux pour sa marâtre impatiente de confectionner son masque de beauté de Cesare Frangipani à base de frangipane et de beurre en pot.
C'est ainsi que naquit l'expression : Pas plus d'ingrédient que de beurre en pot.
Comme Blanche passait le petit pont de bois vermoulu pas vert mais bien moulu, un boucan se fit entendre derrière elle.
Le boucan caractérise un loup lancé à pleine vitesse sur la mobylette qui chut du tirage de la bobinette de la porte de la maison d'une great-mother-fucker mais ça, ceux qui ont suivi ne le savent que trop...
Blanche n'eut que le temps de se retourner pour admirer la chute du loup et de la mobylette dans le ruisseau, chute semblable à celle du 8 mars 2014 décrite dans le 288ème défi du samedi...
Ah ben, elle va beaucoup moins bien marcher, forcément” avança le loup qui n'avançait plus.
Blanche trouva la réplique truculente et se dit qu'elle pourrait s'en servir un jour, alors comme elle gardait tout, elle la mit dans sa poche.
Depuis le château de la marâtre - ce qui fait quand même deux accents circonflexes très rapprochés, maintenant vous pouvez dire: chasteau de la marastre, c'est vous qui voyez - on avait tout vu et comme de féroces et véloces molosses déboulaient en aboyant, le loup s'évanouit sans demander son reste.
La marâtre allait s'empresser de réclamer :”Et l'ingrédient ou deux pour mon masque de beauté de Cesare Frangipani?”.
Elle répondrait qu'elle rentrait brecouille, sans évoquer les trois gorets Three, Little et Pigs, ni l'homme-à-la-tête-de-poire, ni la mauvaise mine des sept nains, ni la vilaine forêt noire fourrée aux griottes, ni Fifi Brindacier, ni ces bottes de sept lieues que sa great-mother avait troquées contre une pantoufle de vair à une petite sirène qui voulait échanger ses jambes à une sorcière contre une voix mélodieuse et une peau d'âne, enfin bref elle ne dirait rien (tant pis pour ceux qui n'ont pas suivi).
La marâtre entrerait dans une colère noire à propos de son masque de beauté de Cesare Frangipani car la colère est souvent noire dans les contes.
Blanche en serait quitte pour aller se réfugier chez les voisins, il y a bien longtemps qu'elle n'avait pas fait la causette avec les Thénardier.
RIEN? Tu n'as RIEN rapporté?” majuscula la marâtre.
Dans les contes, le majusculage est l'expression traditionnelle d'une colère noire.
J'ai bien là - dans ma poche - une truculente réplique du loup dont je comptais me servir plus tard” répondit Blanche d'une voix de la même couleur.
Aboule toujours” éclata la marâtre en se mirant dans son miroir magique et tactile qui parle et qu'on appelle aujourd'hui un smartfaune.
La marâtre n'avait que faire d'un “Ah ben, elle va beaucoup moins bien marcher, forcément” mais elle le prit quand même, histoire de contrarier Blanche.
En échange, Blanche prit congé - ce qui est mieux que rien - en songeant déjà à un prochain épisode plus lucratif.
30 août 2014

Un petit pont de bois par bongopinot

bo01

 

Sur un petit pont de bois

J’admire au loin un château

Et m’imagine dans un tout autre endroit

Et je tourne les pages de mon album photos

 

Je revois le château de mon enfance

Et les balades dans le parc en famille

Où nous marchions souvent en silence

Coupé par le bruit de nos pas sur les brindilles

 

J’habitais alors à cent mètres de ce lieu extraordinaire

Mes fenêtres donnaient sur ce domaine idyllique

Où la réalité ne se distingue pas de l'imaginaire

Où s’envolait  parfois mon esprit confus et mélancolique

 

Je traversais ce bel endroit à l'odeur de cerfeuil

Pour  me rendre à la rivière en contrebas

Et parfois je croisais ci et là de petits écureuils

Quelle douce et belle époque que celle-là

 

Sur un petit pont de bois

J’admire au loin un château

Au dessus de ma tête les oiseaux tournoient

Et  je referme mon album photos

 

J'en ai fait le tour...

Et je le ferme

Et à double tour

Et sans une larme

 

30 août 2014

Adieu la vie de château (JAK)

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Bonjour les défiants

Voici ma dernière carte postale de cet été 2014.

Finie la vie de château, les feuilletons, les rêves, les escapades, les cartes postales et leur détectives zélés !

Pour nous y aider MAP nous a jeté un pont par delà nos écrans.

Et voici encloses à jamais, huit  semaines  rondement  évanouies.

 On y a vu que du feu.

 Rappliquons dare-dare, retrouvons nos  défiantes-pénates.

 Icelles  prometteuses,  nous y  planterons  nos pieds, sèmerons  nos quatrains, nos billets… nos réflexions profondes,   beaucoup de plaisanteries, et autres galéjades

Et chaque commentaire, poétique – enthousiaste- farceur- ou plaisantin,  aura un gout de sucré.

C’est terminé, fini et bien fini, le joli temps*  des  vacances, amis-défiants, je vous le confirme, au cas où vous auriez encore envie de vagabonder.

il suffit de passer le pont

*surtout cette année J 

 

Jak pour Défi #313  Huitième et dernière photo des défis de l'été :

30 août 2014

la fin de la nuit (Fairywen)

La fin de la nuit…

 

Sous l’œil complice du château endormi,

Deux couples dans un pré,

Deux frères enfin réunis

Ont rebâti le pont de l’amitié.

 

Hier ils se sont mariés,

Dans le château ensoleillé,

Mettant fin à la nuit

Qui avait terni leur vie.

 

Et aujourd’hui,

Leurs belles à leurs côtés,

Ils peuvent oublier

Le sang sur les pavés,

La Rue de la Pierre Hardie

Sous la lanterne au coin qui luit…

 

Défi 313 du samedi 23 août 2014

30 août 2014

Participation de Nhand

ESCAPADE AMOUREUSE

 

 

Laissons les brumes de Paname
Manger les tours de Notre-dame !

Fuyons Saint-Michel, Saint-Germain,
Pour deux jours ; donne-moi la main !

Laissons la pluie à Croulebarbe,
Et la Muette dans sa barbe !

Fuyons Saint-Lambert, Saint-Merri,
Où le mois d'août finit marri !

Laissons croupir l'or à Vendôme,
Et le Louvre avec son fantôme !

Fuyons Saint-Michel, Saint-Germain,
N'y revenons qu'après-demain !

Je connais un coin de campagne
Loin des grimaces du métro
Et des parlottes du bistro,
Où la douceur est la compagne
D'un Phébus enivré de vert,
Où l'air à l'azur est ouvert...

Là-bas, nous attend une chambre
Nichée au secret d'un château
D'où notre amour, allégretto,
Passera le pont de septembre.

Et si malgré tout il y pleut,
Comme sur les toits de Vivienne,
Nous recréerons, quoi qu'il advienne,
Sur la mer de draps un ciel bleu.

 

 

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23 août 2014

Défi #313

Huitième et dernière photo des défis de l'été :

313 Le petit pont de bois

Votre dernière participation estivale sera reçue à :

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt les amis pour de nouveaux défis  !

23 août 2014

Ont fait leur petit bonhomme de chemin

23 août 2014

Cartes postales : Chapitre VII (par joye)

Chapitre VII : L’homme qui courait

 [L’histoire jusqu’ici : Amanda Perry, héritière américaine, à Nancy, apprend qu’au moins trois personnes se sont trompées de son identité.]

Quelques minutes plus tard dans sa chambre, Amanda hocha la tête.  Était-ce possible que les deux messages qu’elle avait reçus ne lui étaient pas vraiment destinés après tout ?  Elle essaya de réfléchir…l’un reçu dans son hôtel à Annecy, livré par quelqu’un qui s’appelait Goudin, et l’autre du garçon de café. Mais celui-ci avait bien prononcé son nom et ne la prenait pas pour l’actrice Jessica Chastain…

Et c’est ainsi qu’Amanda s’endormit vers 16 h et passa la soirée et toute la nuit dans un lourd sommeil sans rêves.

Le lendemain, dimanche, elle ne prit pas le train pour Metz. Au lieu de cela, elle se promenait ci et là à Nancy, et se donna comme destination l’adresse du bureau de l’avocat Cherval. Comme cela, elle ne perdrait pas son temps le lendemain matin pour se présenter à son cabinet de bonne heure.

Toujours une bonne navigatrice, Amanda trouva le cabinet sans difficulté. Il ne se trouvait pas très loin de son hôtel. Elle pouvait y aller en moins de vingt minutes de marche, certainement. En se retournant pour refaire ses pas, Amanda vit le dessin d’un petit bonhomme peint sur les pavés.

Elle sourit.

-          C’est très bon signe, se dit-elle. Il essaie de me dire que ça marche !

Elle s’arrêta de rigoler quand quelqu’un la bouscula. Distraite, Amanda ne faisait pas attention, et se rendit compte, mais trop tard, que l’homme qui venait de la pousser l’avait fait exprès afin de s’emparer de son sac à main avant de se sauver.

-          Au voleur ! cria-t-elle. Au voleur ! Help !!!

Un homme juste derrière elle l’entendit crier, comprit tout de suite ce qui s’était passé, et se mit à courir après le voleur. Amanda suivit aussi rapidement que possible, mais les a perdus de vue au coin de la rue. En arrivant au coin, essoufflée, elle vit le deuxième homme, en train de téléphoner à la police. Quand il raccrocha, Amanda mit sa main sur son bras.

-          Oh, monsieur, haleta-t-elle. J’ai vu ce que vous avez fait ! Merci d’avoir bien voulu m’aider !

L’homme lui sourit.

-          Je regrette seulement que je n’ai pas pu récupérer votre sac !

-          Oh, oui, c’est vraiment embêtant. Le voleur a eu toutes mes cartes de crédit et mon passeport !

-          Ne vous en faites pas, je saurai vous aider à les faire remplacer, fit l’homme.

-          Vraiment ? dit Amanda, surprise.

-          Bien sûr. Permettez-moi de me présenter. Je m’appelle Cherval, Émmanuel Cherval. Et vous, vous êtes sans doute aucun ma charmante cliente d’Amérique, Miss Amanda Perry, n’est-ce pas ?

23 août 2014

L'empreinte (KatyL)

Chapitre 7/ « L’empreinte »

Eva appela Joachim qui, au son de sa voix se douta que quelque chose n’allait pas.

Elle décacheta l’enveloppe et comprit très vite que cette lettre anonyme allait bouleverser sa vie mais elle s’arma de courage et lut à voix haute :

« Madame l’homme avec qui vous êtes n’est pas celui que vous croyez ! Il a eu plein de femmes avant vous et vous serez parmi sa collection aussi ! Toutes celles qui vont avec lui le paient cher ! Une amie qui vous veut du bien ! »

Cette lettre avec des morceaux de journaux collés était une horreur pour Eva, elle se tourna vers Joachim pour qu’il dise quelque chose !

Il était blanc de colère il se leva d’un bond et vint vers elle.

-« tu ne vas pas croire ce torchon j’espère ? Je vais te dire exactement ma vie avant toi et tu pourras te faire ton opinion mais d’ores et déjà je veux savoir qui t’a écrit cela ? Qui a mis un coup de couteau dans mon pneu ? Qui a tenté de cambrioler ton garage ? Maintenant cette lettre  c’en est trop ! »

Eva retourna l’enveloppe et vit au dos une empreinte un peu bizarre un petit bonhomme en blanc ka01 sur fond de pierres noires un tampon sans doute et dessous était écrit, d’une écriture d’écolier (cette fois à la main) : « suivez ce petit homme il vous conduira à la vérité »

Elle prit la précaution de ne toucher que le côté gauche de l’enveloppe pour la donner à la police de manière à faire un relevé d’empreintes, qui sait si celles–ci coïncidaient avec celles du garage ?

Elle mit la lettre dans un sac en plastique et n’y toucha plus, elle se tourna vers Joachim !

-« Ecoute dit-elle j’ai confiance en toi, je te connais depuis plus de huit mois, je t’ai vu vivre et agir, je me suis fait une opinion sur toi, tu vas me raconter si tu veux mais avant embrasse-moi et serre-moi très fort et allons prendre le petit-déjeuner, nous parlerons à table »

Il la prit dans ses bras sans se faire prier, c’est à ce moment-là qu’elle vit des larmes perler sur le visage de JO, elle lui essuya les yeux et les embrassa avec tendresse.

-« Viens ne te laisse pas démonter par des choses aussi méprisables, il faut être solidaires, ce n’est rien je suis certaine qu’une explication simple existe,  j’ai acheté des brioches tu vas te faire un café, cela ira mieux ensuite ! »

Elle mit sa table de petit-déjeuner Jo ne disait rien, il fit le café, elle son thé préféré à la bergamote, les brioches réchauffées, elle lui prit la main.

-

-«Si tu veux me dire quelque chose vas-y je préfère que ce soit toi qui me parles, quoique tu aies à me dire »

-« J’ai eu trois expériences importantes avec des femmes dans ma vie, la 1ere j’avais 20 ans et j’étais bien jeunot et inexpérimenté, au bout de 5 ans, nous nous sommes quittés… Puis la deuxième est arrivée, elle faisait du cheval elle semblait se plaire dans ce style de vie, mais au bout de quelques années elle dépérissait car elle voulait légitimement des enfants, comme nous n’arrivions pas à en avoir nous avons été consulter et il s’est avéré que je suis stérile et que je ne pourrai jamais faire d’enfants, au début il fut question d’adopter, je lui disais que beaucoup d’enfants sont en mal d’amour et qu’il suffisait d’aimer un enfant déjà né quelque part . Elle me dit oui et elle finit par faire un enfant avec mon meilleur ami tout en faisant croire que nous allions faire les démarches pour adopter !! J’ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette double trahison, nous sommes séparés, elle a 3 enfants et vit dans le midi.

 Je suis resté célibataire quelques temps  une ou deux aventures dont je ne te parle pas car sans aucun intérêt.

Je devenais un peu « un ours » dans ma tanière me dévouant pour mes chevaux, j’ai aussi passé un diplôme pour accompagner les gens en randonnées et donner des cours d’équitation, j’ai développé mon centre équestre comme Maréchal Ferrant en  travaillant dur avec un vétérinaire qui m’a appris les bases de soins à donner aux chevaux lorsque l’hiver est là….bref !! J’avais déjà la quarantaine lorsque j’ai rencontré la troisième,  une femme seule avec deux ados, au début ce fut très bien, mais rapidement avec les enfants de cette femme c’est devenu un enfer, ils étaient très mal élevés, je ne pouvais rien leur dire, mais j’étais bon pour payer leurs études et tout le reste, les disputes ont commencé, de plus en plus successives, c’est alors que je me suis aperçu qu’elle buvait ! Elle me mentait tout le temps et me demandait de plus en plus d’argent, j’ai voulu l’aider et la faire désintoxiquer, mais elle refusa…Après quelques années encore ce fut la séparation qui s’est très mal passée, elle voulait une somme d’argent pour partir j’ai fini par la lui donner pour avoir la paix ! Elle vit malheureusement dans la région et je la croise de loin parfois, elle est de pire en pire avec les dégâts liés à l’alcool. .. Je t’ai tout dit, tu comprendras pourquoi je ne me suis jamais marié et pourquoi je ne voulais plus personne dans ma vie, et surtout  éprouver quelque sentiment et j’ai désormais 55 ans ! Mais tu es là !

-« Mais rien à voir avec une collection comme dit cette lettre, c’est incroyable qui peut t’en vouloir, nous vouloir du mal ? Je pense qu’il faut retrouver cette rousse elle ignore que je l’ai vue, avec cette tignasse, et sa démarche je la reconnaîtrais entre mille, si elle traîne par ici il ne sera pas difficile de la suivre et de  voir où elle demeure, elle ne pourra pas  nier car nous lui dirons que nous avons ses empreintes, et qui si elle ne parle pas nous irons direct à la police, qu’en penses-tu ? »

-«Tu as une excellente idée, bon Eva nous allons nous habiller c’est dimanche, je profite que mon jeune stagiaire soigne et nourrisse mes chevaux, alors je t’emmène voir un point de vue extra pour te changer les idées, mets un pantalon et des baskets et en route ! »

Le chien qui a entendu le mot « en route » remuait déjà de la queue et se fixa devant la porte.

-« ok » !  Elle se hâta et une heure plus tard, tous les deux  lavés et habillés ils  partirent en voiture avec celle de JO et le chien Bob pour voir le site.

En route ils ne se parlèrent pas.

Arrivés au point de vue qui était majestueux  à couper le souffle, Joachim arriva dans son dos et lui dit à l’oreille :

-« Tu es ma merveille Eva, tu es ce qui m’est arrivé de plus beau quelqu’un essaie de nous mettre les bâtons dans les roues, mais ils n’y arriveront pas, je n’ai jamais ressenti ce que je ressens pour toi, et cette nuit ma chérie a été  la plus belle , je te le dis tout en haut de la montagne si tu veux je le crie au vent, qui le dira au monde, je le crie au ruisseau qui en fera des rivières, je le crie au ciel ! »

Elle se retourna et l’embrassa avec toute la fougue dont elle était capable, elle pensa que cet instant était un moment d’éternité incomparable.

Ils marchèrent 2 heures encore en se tenant la main émerveillés par la nature, ils mangèrent dans une ferme Vosgienne des bonnes patates au munster et une tarte aux myrtilles, Eva n’osait plus rire.

Le soir ils mirent ensemble un plan d’attaque pour découvrir le fin mot, ils allèrent au lit rassurés et firent l’amour avec plus d’intensité encore que la veille.

Jo partit à son travail tôt le lendemain matin. Eva prit le  bus pour aller en ville.

Elle parcourut toutes les rues principales en vue de trouver la rousse, en vain, elle avait mal aux pieds, elle s’assit près de la fontaine et se frottait les pieds endoloris lorsqu’elle aperçut au loin la démarche de la femme avec un panier ! Son sang ne fit qu’un tour, elle se rechaussa promptement et la suivi de très loin, elle marchait en s’arrêtant parfois comme essoufflée, ou inquiète ? Elle semblait regarder partout comme une pie curieuse.

Elles passèrent à tour de rôle dans la ruelle du marchand de vélo cela rappela à Eva de mauvais souvenirs, l’autre maintenant marchait très vite elle savait très bien où elle allait.

Elle tourna dans une ruelle bien étroite, Eva leva le nez pour se repérer et comprit très vite où elle était « rue de la Pierre Hardie » mais Jo lui avait dit que c’était l’ex de Raphaël qui demeurait là !! Elle était perplexe, lorsqu’elle vit la rouquine entrer dans une demeure un peu délabrée dont la façade était composée de trois fenêtres ouvertes avec des volets brinquebalants marrons totalement en lambeaux, un lierre courait sur les autres fenêtres qui étaient toutes condamnées.

Rien de rassurant !! En s’approchant de la sonnette à l’ancienne avec chaîne rouillée, elle vit un étrange dessin au pochoir semblable à celui au dos de la lettre ! Ça alors ! ka01 Elle était au bon endroit et ces deux femmes détenaient la clé du mystère.

Elle sonna, du moins elle tira sur la chaînette avec toutes ses forces !

La femme qui vint lui ouvrir puait l’alcool !! Il n’était que 10h30 du matin ! Elle était débraillée et sa robe de chambre tenait par la saleté, ses cheveux gras et plaqués en disaient long sur la personne ! Mais Eva prit son courage à deux mains et dit :

-« Bonjour Madame je cherche une femme qui a connu Raphael Fontenoy j’écris un article dans un quotidien sur lui et je désire savoir si cette femme demeure ici, je paierai toutes les infos cela va de soi ! »

À ces mots la dame ouvrit grand la bouche et répondit : « que c’était bien là, ma chère petite dame, vous pouvez entrer »

Elle la suivit dans un long couloir Lorrain qui n’en finissait pas pour déboucher sur une cuisine d’une saleté repoussante, elle lui fit signe de s’asseoir sur l’unique chaise sans linge et se mit en face d’elle.

Elle se servit une rasade de vin rouge dans un verre douteux et en proposa à Eva qui déclina avec politesse.

-« Qu’est-ce que je peux pour vous ? Si vous payez bien je vous dis tout ! »

Eva sorti 50 euros comme convenu la veille avec Jo et les tendit à la femme qui s’empressa de les mettre dans son tiroir.

-« Oui j’ai bien connu le Raphael dit-elle ce salaud de première, ah il m’en a fait voir le bougre, à cette époque j’étais une belle femme avec tout ce qui faut où il faut ! Il aimait les girondes, J’étais douée pour le truc si vous voyez ce que je veux dire dit-elle avec un rire gras et sonore! »

-« Stop ! lui dit Eva n’entrons pas dans les détails, je voudrais savoir pourquoi vous êtes restée avec lui, vous faisiez du cheval je crois à cette époque et vous étiez sa petite amie ? »

« Non, dit-elle je n’étais pas la seule, il sortait aussi avec ma sœur, qui est infirmière qui faisait du cheval, une fille bien je vous le dit, elle a fait des études pas comme moi ! Mais moi j’ai une botte secrète qui plaît bien aux hommes et il m’achetait beaucoup de cadeaux ! »

-« Bon venons aux faits dit Eva il sortait avec vous et votre sœur,  le savait-elle ? »

-« Non pas au début, elle était folle amoureuse et il lui promettait le mariage, mais vite elle a compris qu’il avait d’autres femmes en même temps qu’elle, elle lui demanda des explications, mal lui en a pris ma bonne dame ! Savez-vous ce qu’il lui a répondu ? »

-« Ma chère Solange tu es gentille et tu me soignes bien, tu cuisines bien, tu es sortable, mais pour ce qui es du lit tu n’es pas une championne, alors j’ai des aventures quelle affaire !! Elles me courent toutes après ! Ce sont des « bons coups » rien que des bons coups ! Elles ne comptent pas !»

-« Quoi des bons coups dit ma Solange ? Tu veux dire des garces au lit ? Des ……… c’est ça les « bons coups rien d’autre ! Monsieur ne doit pas s’ennuyer ! »

« Oui voilà tu as raison c’est ça un bon coup, les hommes disent cela! Mais toi tu devrais prendre des cours… ! »

-« Elle le quitta le soir même et devint vite dépressive, elle revint vivre moi chez moi au 1er étage ! Vous ne pouvez pas la louper tant elle est rousse maintenant! »

La rousse était sa sœur et vivait au-dessus et elle avait mis cette lettre anonyme accusant JO ! Cependant elle avait mis un tampon de manière à identifier cette maison ?? Qu’avait-elle en tête ?? Il fallait à tout prix la faire venir et lui parler, elle seule détenait le nœud de cette intrigue.

Suite au prochain épisode

23 août 2014

Participation de Nhand

SI TU VEUX TE PROMENER 

 

 

Dans la jungle urbaine,
L'automobiliste est roi ;
Dans la jungle urbaine,
Gare au piéton maladroit !

Les grandes artères
Filent toujours sans te voir ;
Les grandes artères
Ont tout pour te décevoir.

Viens, je suis ton guide,
Si tu veux te promener.
Viens, je suis ton guide,
Je t'emmène, allons flâner...

Il est des ruelles
Où le temps n'existe pas ;
Il est des ruelles
Qui s'explorent pas à pas.

Oui, des voleurs à la tire
Y font leur sale devoir,
Mais est-ce à moi de te dire
Qu'on ne peut pas tout avoir ?

 

 

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23 août 2014

DEUX PIEDS (Sebarjo)

 
 

Petit matin.

Un ou Le ? Peu importe il est de bonne heure et je suis de mauvaise humeur.

Disons qu'il est 8H30. Je suis déjà debout depuis plus d'une heure. La reprise est difficile, la tâche ardue pour le vacancier que j'étais encore hier. Je parviens tout de même à trouver la porte d'entrée. Je sors, ni paré ni même préparé au labeur qui renaîtra dans un quart d'heure.

J'arpente comme à reculons les trottoirs de la ville quasi-déserte en cette mi-août. J'ai la tête lourde et embrumée, encore en congé, le corps pesant et ensommeillé, pas totalement délassé des bras de Morphée. Je déambule seul, me rendant à mon bureau à pieds, ayant laissé ma jolie auto au garage. Mes pas claquent, résonnent, claquent, résonnent. Plutôt fortement car j'ai rechaussé mes Richelieu de chez Santoni et délaissé mes espadrilles quelque part sur la côte basque entre les plages d'Erretegia et de Parlementia. Un pigeon agite ses ailes et se pose sur un banc à la recherche de restes culinaires. Le vent fait voler deux ou trois papiers gras. Les artères de la ville respirent à peine tant elles sont vides. Je traverse l'avenue lorsque soudain, me sortant de mes rêveries inhérentes, une silhouette blanchâtre apparaît sur l'asphalte grisâtre. C'est un piéton. Du moins, sa substance peinturlurée qui semble vouloir avancer d'un pas énergique et décidé. C'est un piéton certes, mais comme il semble loin de moi ! Je pense alors à cette chanson de Thomas Fersen que je me mets à fredonner, tant mon entrain tourne au ralenti :

Je suis désolé je n'ai que deux pieds...

Même si je ne me sens pas de taille, je dois rester une pointure, alors malgré tout, il faut que j'avance c'est une évidence... je ne vais pas commencer cette reprise en étant à côté de mes pompes, moi qui tend facilement à la calcéophobie !

Encore quelques mètres et j'y suis.

Bon élève, je relève la grille qui grince et ouvre la boutique dont l'enseigne révèle un chat botté.

En effet, l'hiver comme l'été, je travaille Au Chat botté, grand magasin de chaussures qui a pignon sur rue depuis plus d'un siècle, créé à l'époque par un certain Chabotié, cordonnier de son état. Ici, moi je ne suis qu'une petite main au service des pieds de ces Messieurs Dames...

Ce matin, il n'y a pas foule. Pour ne pas perdre pieds ni même la main, je m'occupe comme je peux et trie quelques paires par pointure. Je sors de mon cirage en les triant justement par nuance. Je renoue avec le travail en rangeant des lacets par paire et par longueur.

Dix heures sonnent enfin. J'ai fini mes classements inutiles et insensés. Je m'ennuie déjà.

Pour ne pas sombrer dans un désœuvrement total et ne pas perdre la main ni même pieds, je décide alors de jouer au client tout en tenant mon rôle habituel de vendeur pantouflard.

Je soupire bien vite car mon client n'achète jamais plus de deux chaussures à la fois et c'est assez laçant. Profitant de ma dualité, je lui fais part de mon exaspération en me toisant de la tête aux pieds. Rigolard, celui-ci me répond alors depuis son miroir en chantant :

Je suis désolé je n'ai que deux pieds !

 

 

Et pour fredonner encore cette chanson,

voici ma version  lagaffesque ci-dessous :

 

 

23 août 2014

White Spirit (EnlumériA)

Damien mâchonnait son casse-croûte sans conviction aucune. Il ne savait pas trop ce qu’il y avait sur sa tartine de pain – d’ailleurs était-ce vraiment du pain – mais c’était mangeable. Disons pour faire simple que cela ressemblait à une sorte de viande reconstituée avec un arrière goût de fromage d’écume accompagné de beurre de bigorneau. Il poussa la dernière bouchée laborieusement mastiquée avec un verre de vin d’orage. C’est comme ça que Sandalphon avait appelé ce breuvage. Bon ! C’était buvable.

Il regarda d’un air absent le yack bleu qui ruminait à quelques mètres. L’animal semblait l’observer du coin de l’œil avec on ne sait quoi de narquois dans le regard. Un peu plus loin les deux comiques qui lui servait d’escorte jusqu’à Kitej se perdaient dans d’interminables palabres avec le Sayedh el Khâfila*. De quoi parlaient-ils ? Damien s’en moquait. Il se sentait bourdonneux, sous l’emprise d’un vague à l’âme sirupeux qui collait à l’esprit comme un vieux chewing-gum sous la semelle d’un brodequin. Il tenta d’occuper son esprit en observant les déambulations ondoyantes d’une chaise rose qui transbahutait de-ci de-là un jubilant escogriffe. Juste derrière un attelage improbable couplant un dromaludaire avec un tamanoir, un homme aux allures de conspirateur enfournait à intervalles régulier un paquet dans une boîte à lettre sur laquelle un chat était perché. Le manège du type était assez déconcertant. Il ouvrait la boîte, mettait le paquet, refermait la boîte et attendait quelques instants. Le chat accomplissait alors trois tours sur lui-même, posait sa patte sur l’épaule de l’homme qui, aussitôt, prenait un autre paquet dans un grand sac, ouvrait la boîte à lettres qui était de nouveau vide et remettait un paquet. Et ainsi de suite mais quelle importance. Damien ne s’étonnait plus de grand-chose, désormais. Ils étaient arrivés au caravansérail en fin d’après-midi. Orphaniel s’était encore moqué de lui au sujet de Kaelia. L’après-midi entier avait été ponctué par les sarcasmes du nain jaune. Bon, c’était vrai qu’il ne s’était guère préoccupé du sort de la jeune femme, il avait eu bien trop peur pour lui-même, mais de là à le harceler.

Damien se resservit un verre de vin d’orage. On aurait dit qu’il y prenait goût. Mais bordel, il ne la connaissait pas plus que ça, cette fille. Il ne savait même pas d’où elle venait. En plus, il n’était peut-être qu’un jean-foutre comme l’avait répété ad nauseam cet abruti d’Orphaniel, mais il n’était pas con. Il avait bien compris que Kaelia était un nom bidon dont cette fille s’était affublée pour éviter quoi… des questions gênantes ? 

Un peu mon neveu !

Qu’elle se les garde, ses petits secrets mesquins

Mesquins, mesquins

                               Bah ! Oui, quoi.

                                               Poil au brodequin !        

Damien contempla son verre presque vide avec acrimonie. Il ne savait pas de quelle sorte de vigne venait ce vin, mais voilà qu’il avait l’impression d’entendre des voix.

Ce vin n’a rien à voir avec moi !

Bien ! Il entendait des voix. Pas grave. Depuis deux jours, il gambadait dans ce qui était l’équivalent onirique de charybde et scylla et

                 Tu ne vas pas me faire le coup ?  

                                                Ce qu’il avait vécu après la disparition de Marjorie

                                                                                Et si, il l’a fait !

Au seuil de l’agacement, Damien reporta son attention vers le gars qui s’acharnait toujours à gaver cette stupide boîte à lettres qui, elle, s’évertuait à digérer d’une manière stakhanoviste les paquets qu’il sortait du sac sans fond. Ah ! Tiens. Le chat n’était plus là. Il vida son verre. Le yack bleu l’observait toujours, mais cette fois, il crut lire une mise en garde dans le regard crémeux du bovin.

Ton pote a raison !

Quoi ?

Ton pote déguisé en citron, il n’a pas tort.

Le jeune homme sentait des vagues d’irritation fourmiller à hauteur de son plexus solaire. Il était crevé, ce vin lui tournait la tête et pour ce qui était des railleries, il avait eu sa dose pour aujourd’hui. L’avantage – si on pouvait parler d’avantage – c’était que ces railleries avaient été proférées par quelqu’un de chair et d’os, pas par une petite voix à l’intérieur de sa tête suscitée par un vin au nom bizarre.

   Eh ! Mec ! Je ne suis pas une voix dans ta tête de pioche !

                Alors t’es qui ?

                               Regarde en bas, sagouin, maringouin, pâte à pingouin !

Damien, somme toute pas contrariant, laissa tomber son regard à ses pieds. Cela ne fit pas grand bruit et pourtant, ça l’aurait bien mérité. Une sorte de signal d’alarme retentit dans le lobe frontal de son cerveau un peu comme un carillon fêlé au fond d’une mare à canards. Légèrement décontenancé, il releva la tête et constata qu’autour de lui, le monde semblait à peu près normal, à supposer que normal soit bien le terme qui convienne. Le type au sac continuait de charger sa boîte à lettres, ses deux gardes du corps jacassaient toujours avec le Sayedh el Khâfila et le yack bleu le regardait cette fois bien droit dans les yeux semblant dire : « Je t’avais prévenu. » Donc…

Bah, non, l’arsouille, tu ne rêves pas. Eh ! Tu vas te réveiller un peu.

Et vlan ! Damien se prit un solide coup de pied dans le tibia. Donc…

Il ne rêvait pas. L’homoncule blanchâtre qui se tenait bien droit dans ses bottes juste à côté de celles de Damien n’était pas une création délétère généré par son esprit mortifié.

— Mais t’es qui, toi ?

Je suis le White Spirit.

— Le quoi ???

Je vois. Monsieur ne pratique pas la langue de Shakespeare. Je suis l’Esprit Blanc, si tu préfères, Prosper.

— Oui, merci pour la leçon. – En prononçant ces mots, Damien sentit que ses lèvres se contractaient en un imperceptible sentiment d’amertume – Là d’où je viens, le White Spirit, on s’en serre pour nettoyer les pinceaux et les taches de peinture…

Je suis aussi cela pour toi.

Le petit bonhomme blanc exécuta un petit pas de danse qui aurait pu passer pour une figure de tai-chi, puis il se mit à glousser comme une perceronnelle.

 

Eh ! Toi, là-haut, le Narrateur, c’est quoi, une perceronnelle ?

 

« Arrête, bougre d’idiot ! Tu n’as pas le droit de m’adresser la parole. Je ne suis pas censé être présent. »

 

Oui, mais c’est quoi dit, hein, c’est quoi ? continuait le White Spirit en trépignant comme un marmouset des marais.

 

Temps mort !

 

« Une perceronnelle, c’est un perce-oreille femelle qui se comporte comme une péronnelle. Bon, ça y est. Je peux reprendre le cours de mon récit ? »

 

Vas-y Georges ! Reçu 5 sur 5. Tu reprends ton job et moi le mien.

 

De son côté Damien s’emporta.

— Quand t’auras fini tes pitreries, petit enfariné, tu pourras peut-être me dire ce que tu me veux.

Ton cœur est noir comme la suie, il ne brasse pas du sang, mais du bitume. Je suis là pour nettoyer toute cette boue.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Quelle boue ?

Je discerne tes pensées comme la chauve-souris discerne les obstacles dans la nuit profonde, Cunégonde. Elles dégoulinent de toi comme de la poix sur une muraille prise d’assaut. Ton personnage de tragédien pathétique ne dupe personne. Si tu veux que ton monde change, prépare-toi à changer toi-même, Philomène.

Un ricanement amer secoua Damien. Quelle ironie. Non content de supporter les lazzis d’une banane sur pattes chevauchant un cheval de bois, voilà qu’il se façonnait un Gemini Criquet personnel.

Bougre de hérisson mou des steppes de Lampedusa ! Je ne suis pas plus Gemini Criquet que tu n’es un pantin de bois.  D’ailleurs, t’es qui toi, hein ? Quand on fait le bilan, t’es qui au juste ?

— Je suis Damien Dexter et…

Je ne te demande pas quel est ton état-civil, banane de cirque. Je te demande qui tu es vraiment.

— Je suis quelqu’un qui…

T’es rien mec. T’es qu’un guignol qui passe son temps à se lamenter sur son sort. Un clampin qui fuit ses responsabilités. Et Marjorie par-ci et Marjorie par-là. Gnah, gnah gnah ! Tu étais où quand elle avait mal ? Tu peux me le dire ? Tu n’étais même pas à travailler sur ce foutu roman que tu n’écriras jamais. Tu te crois important parce que tu sais jouer trois accords sur cette vieille guitare que tu trimballes partout comme si le poids de ta propre misère ne suffisait pas. Tu ne sais même pas pourquoi tu t’es assis au beau milieu de ce maudit triangle, là-bas, aux Bermudes. Le capitaine Ward, tu ne le connaissais que par ouï-dire. Sa baraque, tu ne l’as acceptée que parce que tu cherchais un trou où te cacher, cochon casher.  

Assommé par cette admonestation, Damien ravala sa rancœur et sa rancune avec une petite pincée d’aigreur pour faire bonne mesure. Le White Spirit, bien campé sur ses petites jambes, les mains sur les hanches, le regardait sévèrement du bas de ses trente centimètres et des poussières.

— Qu’est-ce que tu veux que ça me foute, tes réprimandes à la con ? Tu ne sais pas ce que j’ai vécu ? J’ai…

Et re-vlan ! Un grand coup de ganache dans le tibia. Le petit bonhomme blanc frappait vite et fort.

Arrête de pleurnicher et réveille-toi, je te dis.

Damien tenta une fois encore de proférer une de ces jérémiades dont il avait à la longue peaufiné la recette. Mais rien de voulait franchir le seuil de ses lèvres. L’homoncule posa son doigt sur sa bouche et fit :

Schhhh ! One a minute, please !

Et alors, le White Spirit se mit à dansoter sur place un quadrille meringué du genre drolatique et burlesque. Ça évoquait à la fois la danse de la pluie et la biguine ; l’agacement oblique et la frilosité morbide. C’était aussi bien risible que triste à pleurer et c’était destiné à provoquer un choc mental qui ne tarda pas à débusquer du cœur sombre de Damien une bestiole noire armée de pattes griffues et tranchantes comme des rasoirs. Cela se tortillait en tous sens comme sous l’effet d’une décharge électrique en poussant un horrible cri de craie furibonde sur un tableau noir.

Damien fut pris de nausées. Il expulsa son vin d’orage dans le caniveau et vit que sa vomissure charriait une myriade d’aiguilles et d’éclats de verre. Il se laissa tomber sur les genoux, groggy, anéanti, mais soudain léger comme un échantillon de barbe-à-papa dans une brise d’été.

Par terre, le petit bonhomme blanc se tenait tout droit campé, les bras croisés et la tête insolente.

On se sent mieux, hein ! La vilaine bête est partie et le cœur de suie a cédé la place à cette petite étincelle divine que tu as reçue à l’aube du monde.

Damien reprenait tant bien que mal ses esprits. Il se sentait tout mollasson mais aussi tout bonheur et limpidité. Un arrière-goût sucré avait chassé l’amertume insistante qui chargeait depuis longtemps son haleine. Son esprit était clair, son regard lumineux. Une tonicité nouvelle embrasait sa poitrine, apaisait son souffle, revigorait son être tout entier. Il avait l’impression de se défroisser et de s’épanouir comme les pétales d’une fleur d’or dans l’astral.

— Mais qu’est-ce que tu m’as fait ?

Moi, rien. Je ne suis que le White Spirit, le vecteur au service du Tout. Je t’ai nettoyé, décapé, débourbé de fond en comble.

Une ombre s’interposa entre Damien et le soleil couchant.

— Avec qui tu parles ? demandant Sandalphon.

Damien se redressa.

— Je parle avec… Le White Spirit ?

À ses pieds, il voyait une petite silhouette blanche peinte sur le bord du trottoir.

— Tu parles avec un tag ? Holà ! Bonhomme. C’est le soleil rose ou le bleu qui t’a tapé sur le cabochon ? Allez viens. Je vais te montrer où dormir.

Damien suivit Sandalphon d’un pas encore mal assuré.

— Euh ! Dites-moi, Kaelia, vous croyez qu’on va la retrouver ?

Sandalphon se retourna. Un sourire malicieux éclairait son visage.

— Ah, quand même ! Tu y auras mis le temps.

 

 

* Meneur de caravane, cf. défi 309 Slave Transportation

 

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